Bastien Gassin a son ticket pour les Mondiaux de kart
Originaire de La Motte, Bastien Gassin est devenu champion de France de karting cette année. Il a du même coup décroché son billet pour les prochains championnats d’Europe et du monde
Il ne deviendra peut-être pas pilote professionnel. Il continuera certainement de regarder la Formule 1 devant sa télévision. Mais dans quelques semaines, Bastien Gassin va vivre une expérience unique. Peut-être même l’un des meilleurs moments de sa vie. En octobre prochain, le jeune homme disputera les championnats du monde de karting, sur le mythique circuit du Mans. Une vraie performance pour celui qui s’est installé dans un kart pour la première fois il y a cinq ans à peine, à 14 ans. Un âge de «papy» dans le monde du karting, où la plupart des pilotes appuient, en général, pour leur première fois sur la pédale à 5 ou 6 ans. «Il a travaillé un peu l’été et il a voulu s’acheter un karting », se remémore sa maman Cendrine. Une envie originale dans cette famille qui n’a pas vraiment la culture de la course automobile. «Le papa, Jean-François, aime bien les voitures anciennes mais c’est tout» , raconte-t-elle. Tout juste peut-on apercevoir un ancien écriteau Michelin dans la villa parentale, à La Motte…
Pour s’amuser au départ
Sans ambitions sportives, Bastien a donc débuté sur le circuit de Brignoles, en loisirs, le week-end. Yannick Iglesias, le propriétaire du circuit, remarque «un bon coup de volant ». « Puis, en cadet, j’ai fait une année pour essayer la compétition, avec plusieurs courses dans la région. Je n’avais pas assez d’expérience pour m’imposer mais j’étais dans les cinq premiers», précise Bastien. Un peu trop fougueux, il peine à maîtriser sa voiture, ses concurrents, et termine toujours près, mais rarement premier. « Après, il a bien écouté, il s’est calmé… Et il a vraiment passé un cap lors des deux-trois derniers mois », ajoute celui qui est à la tête de l’écurie Kart In Pro. Les résultats sont venus. Cette saison, il a décroché sa première grande victoire à Château-Gaillard, l’une des courses phare de la saison. Avant d’être rétrogradé à la cinquième place pour avoir détérioré l’avant de son kart… Surtout, il a décroché le titre de champion de France de karting senior, organisé par la Fédération française de sport automobile (FFSA). Un titre qui lui offre par la même occasion le droit de disputer les championnats d’Europe en Italie, mi-août, puis les championnats du monde en octobre, au Mans. Une occasion qui a bien failli lui glisser entre les doigts.
Le bac… ou rien !
Car cela s’est joué à quelques points… Au baccalauréat! « Le mercredi, on attendait les résultats du bac. C’était la condition pour participer aux championnats de France. Finalement, il l’a eu au rattrapage et on est parti ! », s’amuse Yannick Iglesias. Avec le résultat brillant que l’on connaît. Dans quelques semaines, il ferraillera avec le gratin mondial du karting, une discipline où sont passés les plus grands champions du sport automobile. De quoi faire naître des espoirs de carrière? « J’ai commencé tard, je suis trop vieux maintenant… », reconnaît le jeune homme de 19 ans, lucide. Des propos soutenus par Yannick Iglesias, qui a vu passer notamment Charles Leclerc, le pilote de F1 monégasque. « Oui, c’est tard pour devenir pilote professionnel. Est-ce qu’il aurait pu y arriver en commençant plus jeune? C’est compliqué de réécrire l’histoire. Certains ont eu des résultats puis ont brûlé les étapes… D’autres, tel Loïc Duval, n’ont pas fait de grosses performances, mais ont remporté les 24 heures du Mans par la suite… » Car au final, qu’il gagne ou qu’il finisse en queue de peloton en Italie et au Mans, l’essentiel est ailleurs pour Bastien. Cette aventure, qui se poursuivra l’année prochaine lors de compétitions européennes, est avant-tout « une école de la vie», comme le souligne sa maman. «Ça lui apporte énormément de choses », souligne Yannick Iglesias. «Car il faut travailler. Mais c’est un sport mécanique et tout peut partir en lambeau très vite… Et puis il y a aussi la carotte pour travailler à l’école. » L’année prochaine, Bastien espère intégrer un BTS en alternance. Nul ne sait s’il brillera encore dans son kart, mais une chose est sûre, il continuera d’évoluer en tant qu’homme. «Il donne un coup de main pour la mécanique par exemple, cela le fait grandir. Et avec ses résultats, les petits le regardent différemment», conclut le propriétaire du circuit de Brignoles. Des vocations pourraient se créer… La petite soeur de Bastien, Camille, âgée de 13 ans, s’est, elle, amourachée de la photographie et multiplie les clichés pendant que son frère enchaîne les tours de piste. Bastien ne deviendra visiblement pas pilote professionnel, certes, mais ce n’est pas là l’essentiel.