Le canal de Suez, porte d’entrée des poissons exotiques
Cet été, les signalements de raies pastenagues se sont multipliés dans le Var. Pour Nardo Vicente, biologiste marin, si on a vu les raies pastenagues se rapprocher autant des côtes varoises, « notamment pour se reproduire », c’est en raison du réchauffement de la Méditerranée. Mais la raie n’a rien d’un poisson exotique. « C’est une espèce locale », assure le scientifique. En revanche, le barracuda, « également baptisé bécune à bec jaune », appartient bien à ce que les biologistes appellent « les espèces lessepsiennes ». Entendez par là : qui sont
() arrivées en Méditerranée en empruntant le canal de Suez. Une population de quelque barracudas de belle taille a ainsi été identifiée dans les environs de l’îlot de La Gabinière, situé dans le parc national de Port-Cros. Aucune crainte pour les mérous. « Les barracudas ne sont pas en concurrence avec eux, mais plutôt avec les liches, autre espèce pélagique », rassure Nardo Vicente. Autre poisson tropical s’étant apparemment bien adapté aux rivages varois : la girelle paon, « plus grosse et colorée que nos girelles de Méditerranée ». Les poissons lapins, herbivores, que certains voient comme une menace pour les posidonies, restent encore discrets. Tout comme le lagocephalus. Personne ne s’en plaindra puisque ce cousin du fugu, espèce qui ravit les papilles des gastronomes japonais, peut s’avérer, comme lui, toxique.
1. Du nom de Ferdinand de Lesseps, architecte du canal de Suez.