Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ancienne résistante, Germaine Besset fait revivre la mémoire

- LY. F.

Actuelleme­nt en résidence d’été au sein de l’EHPAD Korian Cap Sicié à La Seyne, Germaine Besset, Lyonnaise de bientôt 98 printemps, petit bout de femme très attachante, a, par son parcours de vie, donné une conférence sur la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. «À son arrivée chez nous, nous avons été subjugués par son parcours de vie et ses récits sur la Résistance, explique la directrice Chantal Vivent. En discutant un peu, nous nous sommes aperçus que d’autres de nos résidents avaient eux aussi des souvenirs atypiques de cette période noire. C’est pourquoi nous avons voulu sous forme de conférence, partager avec les résidents et leurs familles, ces parenthèse­s importante­s de vies ».

Silence respectueu­x

Tout intimidée de conter son histoire devant un auditoire, Germaine Besse installe un silence respectueu­x quand elle raconte de quelle façon elle a pris part à la rébellion en 1941. « Mon défunt mari Résistant, travaillai­t comme cheminot. Il faut savoir qu’à l’époque, Lyon était un point ferroviair­e stratégiqu­e, beaucoup de matériels, des tanks de l’armée occupante, transitaie­nt par « J’ai eu l’honneur de participer à l’armée de l’ombre. La liberté c’est la vie. Malheureus­ement beaucoup sont morts pour cette liberté. Tant de morts pour sauver notre belle France.»

voix ferrée. J’avais 20 ans et étais une jeune maman d’un petit Robert. C’est tout naturellem­ent que je me suis retrouvé à transporte­r d’un point à l’autre des explosifs cachés sous le matelas du landau de mon fils. Au début je savais que c’était dangereux mais je ne comprenais pas que c’était des bombes. Je devais remettre les paquets au siffleur de « Auprès de ma blonde ...». Lui, le remettait au mécanicien cheminot. Ce dernier sabotait les convois en jetant le paquet dans le foyer de la locomotive à vapeur et tout sautait ! Parfois il mettait du sable dans les essieux, ça chauffait et déraillait. Il desserrait aussi parfois les boulons

des attaches wagons...» La vieille dame a poursuivi son récit captivant en racontant la fois où elle a caché chez ses beaux-parents cinq Juifs, et le jour d’une décente SS ou, par un signe à la fenêtre, ils se sont échappés du cabanon de jardin et ont disparu. C’est une lettre reçue quelques jours plus tard avec ces quelques mots, « Merci, les cinq paquets sont arrivés à bon port », qui rassurera Germaine sur ses protégés. «Désobéir c’est servir. Si c’était à refaire, je referais la même chose ». Dans la salle, d’autres Résistante­s anonymes ont pris à leur tour le micro et dévoilé à l’assemblée quelques anecdotes. Comme Mme Leblond de Marseille : «Enfant j’étais dans un institut scolaire qui abritait en cachette des enfants juifs, jusqu’au jour où les Allemands ont fermé l’école. Nous nous sommes réfugiés dans les montagnes au-dessus de Gap. Errant jusqu’à la fin de la guerre... La libération a été une belle chose, rythmée par plusieurs jours de joie. On dansait, chantait, on était libres tout simplement!» En guise de mot de fin de conférence, Germaine a entonné avec beaucoup d’émotion «le Chant des partisans», repris en coeur par tout l’auditoire.

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(Photos Ly. F.) L’EHPAD a organisé une conférence pour ses pensionnai­res autour de Germaine et de la période de la Résistance.
 ??  ?? Le débat ouvert, les familles présentes ont posé beaucoup de questions et les plus anciens ont raconté leurs histoires. Un réel travail de mémoire.
Le débat ouvert, les familles présentes ont posé beaucoup de questions et les plus anciens ont raconté leurs histoires. Un réel travail de mémoire.
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