Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Nice :  € d’amende pour avoir peint la baie des Anges !

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Embarras d’une voie publique par dépôt ou abandon sans nécessité d’objets ou matériaux entravant la libre circulatio­n. » C’est écrit sur le PV qu’un peintre de rue aniçois reçu chez lui et pour lequel il doit payer 135 euros. Quelques jours après cet incident survenu sur le front de mer niçois, Omar Logang ne comprend toujours pas ce qu’on lui reproche. Des amis peintres, comme Moustache Bleue, qui viennent le soutenir et l’encourager, non plus. Encore sous le coup de l’émotion, il nous a raconté hier, sa version des faits. Là où il a été verbalisé. Samedi 11 août. 21 h 40. Installé quai des États-Unis, à Nice, «tout près de la rambarde bleue surplomban­t la plage », Omar peint l’anse niçoise, regard et pinceau pointés vers l’aéroport. « Je peins la lumière», philosophe cet artiste de 50 ans, originaire du Sud-Soudan, arrivé à Nice depuis Madrid, en 2003. « Je suis venu ici pour la lumière, insiste-t-il. Comme Dufy, Matisse, Renoir… »

Moral brisé

Mais le soir du 11 août, cette lumière tant recherchée, tant adulée, commence à pâlir, à décliner. Alors Omar commence à plier bagage. « Je venais de poser ma toile sur le diable lorsque deux policiers municipaux sont arrivés et m’ont demandé mes papiers. J’ai tout sorti, y compris ma carte profession­nelle. J’ai demandé aux policiers pourquoi ils voulaient mes papiers. Ces derniers m’ont répondu : “Pour rien, Contrôle.’’ Et puis ils sont partis et moi je suis rentré chez moi, dans le Vieux-Nice. » Fin du premier acte. Le second intervient le 22 août : en ouvrant sa boîte aux lettres, Omar Logang trouve une lettre. C’est l’amende à payer. Et là, il tombe de haut : «Je ne comprends pas quel délit j’ai commis. » Omar agite les mains. Ouvre ses « books ». Évoque ses multiples exposition­s, son amour pour Nice, qu’il peint sous tous ses angles, en plein air : opéra, place Masséna, Negresco, cours Saleya, rue Rossetti, place Saint-François… Aujourd’hui, une de ses toiles réalisées à la peinture à l’huile, se négocie selon lui de 150 à 300 euros pour un petit tableau et de 4000 à 8000 euros pour un grand format. C’est coloré. C’est gai. Mais Omar a le blues dans la voix et la tristesse au coeur : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Je ne gênais personne. Je travaille pour Nice et cette histoire me casse le moral. Je suis dans la rue, oui, mais j’ai demandé à plusieurs reprises un petit local à la mairie. On me l’a toujours refusé… »

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(Photo Franck Fernandes) Omar Logang ne veut pas payer un PV qu’il estime injustifié.

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