Macron veut réformer une Europe affaiblie par le populisme
Sécurité dans l’Union européenne, nouvelle crise humanitaire en Syrie ou encore situation politique en Libye… Le président de la République a livré ses orientations aux 250 ambassadeurs français
Prenant acte du désengagement américain, Emmanuel Macron a appelé, hier, à « redoubler les efforts » pour construire une Europe forte et autonome, capable de faire jeu égal avec Washington et Pékin. « Les extrêmes ont progressé et les nationalismes se sont réveillés. Est-ce une raison pour abandonner ? Certainement pas (...). Il faut en réalité redoubler nos efforts », a déclaré le président français en présentant sa feuille de route diplomatique aux ambassadeurs français. « Ce combat européen ne fait que commencer, il sera long, il sera difficile, il sera au centre de l’action de la France tout au long de mon mandat » car « nous sommes au milieu d’une crise européenne », a-t-il déclaré.
Vague nationaliste en Italie et en Hongrie
Sept mois avant les élections européennes, le président français se heurte à une vague nationaliste, de l’Italie à la Hongrie, qui affaiblit son ambition de refonder l’Union européenne. Repartant à l’offensive, à la veille d’une visite de trois jours au Danemark et en Finlande, il proposera de nouvelles initiatives pour doter l’Europe d’une défense autonome. « L’Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis. C’est à nous aujourd’hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne », a-t-il lancé. « Nous devons tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide » , at-il ajouté, précisant souhaiter le lancement d’une « réflexion exhaustive sur ces sujets avec tous les partenaires de l’Europe et donc avec la Russie ». Revenant sur les dissensions entre les 27, il a martelé que la seule manière de maîtriser les flux migratoires passait par une politique européenne coordonnée. Il a aussi critiqué l’Italie et la Hongrie, des « opportunistes » de l’Europe qui profitent de ses subventions mais en refusent les contraintes. «Ce qui arrive en Italie nous l’avons produit politiquement par notre absence de solidarité (...) Est-ce que cela excuse les discours xénophobes, les facilités ? Je ne le crois et je crois d’ailleurs que ces mêmes xénophobes n’apportent aucune solution au mal qu’ils dénoncent » ,at-il lâché à l’adresse du gouvernement italien.
La France prendra la présidence du G
L’autonomie stratégique permettrait « à la France et l’Europe de jouer un rôle historique pour une refondation de l’ordre mondial », a esquissé le président français. Cette refondation apparaît selon lui plus que jamais nécessaire devant le repli nationaliste orchestré par le président américain Donald Trump qui menace de remettre en cause des alliances datant de 1945 et a engagé des guerres commerciales tous azimuts. Emmanuel Macron a ainsi proposé que le G7, dont la France assurera la présidence en 2019, ouvre un dialogue avec la Chine, l’Inde et l’Afrique, pour sortir du « théâtre d’ombres » du dernier sommet, torpillé par Donald Trump. Le président français souhaite aussi une réforme de l’Organisation mondiale du commerce par des discussions entre Europe, Japon, Etats-Unis et Chine. Il a invité leurs représentants à tenir une première réunion sur le sujet en marge du Forum sur la paix que Paris organisera le 11 novembre.
Un partenariat avec la Russie
Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessité de stabiliser la situation en Syrie et en Libye. En Syrie, il a appelé à « renforcer encore la pression sur le régime et ses alliés » pour une solution politique au conflit. Il a affirmé que le maintien au pouvoir en Syrie de Bachar al-Assad serait « une erreur funeste ». « Il n’appartient pas à la France de désigner les futurs dirigeants de la Syrie (...) mais c’est notre devoir et notre intérêt de nous assurer que le peuple syrien sera bien en situation de le faire », a-t-il ajouté. En Libye, il s’est dit décidé à faire avancer l’accord de Paris qui prévoit des élections en décembre. Enfin, revenant sur les relations difficiles avec la Turquie et la Russie, il a souhaité « construire un partenariat stratégique » pour les arrimer à l’Europe.