Menacée d’expulsion avec ses six enfants
Le Muy Sonia est installée sur un terrain de camping avec une grand-mère de 89 ans. La famille doit être relogée. Elle a bien reçu des propositions, mais celles-ci sont inadaptées…
C’est la Fondation AbbéPierre qui a mis en lumière l’histoire de cette famille du Muy. Une histoire de précarité, mais aussi celle du combat d’une mère pour loger dignement toute sa petite tribu. Sonia Desnos, 43 ans, est la mère de huit enfants. Aujourd’hui, six sont toujours à sa charge : une fratrie dont l’âge s’étale de trois mois… à quinze ans. Elle s’occupe également de la grand-mère de son futur ex-mari, Ginette, 89 ans, handicapée à plus de 70 % et atteinte de la maladie de Parkinson. Cette famille est en attente de relogement, après avoir fait l’objet d’un jugement d’expulsion du chalet qu’elle occupe sur un terrain de camping depuis cinq ans.
Problèmes conjugaux
À l’origine des tourments de Sonia, des problèmes conjugaux : un père de famille absent, qui lui a laissé des dettes après plusieurs années de loyers impayés. Loin de se laisser abattre, la jeune femme a monté un dossier de surendettement. Mais actuellement en instance de divorce, elle et sa famille sont sous la menace d’une expulsion actée par le tribunal de grande instance de Draguignan le 5 avril dernier. L’avis d’expulsion, dont l’exécution est prévue le 15 octobre, est bien légal. Mais l’expulsion sans relogement au préalable, elle, ne l’est pas. Car Sonia est bénéficiaire de la loi Dalo (Droit au logement opposable et doit donc être relogée de façon « urgente et prioritaire ». La préfecture lui a déjà fait trois propositions. Problème : deux des logements sont inadaptés à sa situation. Et tout refus peut entraîner une déchéance du caractère prioritaire de son dossier. « Ils m’ont d’abord proposé un appartement au 4e étage sans ascenseur, soupire la mère de famille. Comment faire avec une grandmère en fauteuil roulant, un nourrisson, cinq enfants et deux chiens ? » Pour les mêmes raisons, Sonia a décliné une deuxième offre, un appartement au deuxième étage sans ascenseur à Draguignan. Enfin, un troisième logement lui a été soumis avec quatre chambres au rez-de-chaussée. Une aubaine ! Mais cette fois-ci, une autre famille, jugée plus « prioritaire », est passée devant elle.
Le sous-préfet se veut rassurant
Depuis juillet, Sonia relance les autorités compétentes. La commission qui attribue les logements se réunit une fois par mois… sauf en août. Du côté de la sous-préfecture de Draguignan, on joue l’apaisement : «Cette famille ne sera jamais expulsée sans relogement, assure le sous-préfet Philippe Portal. Il ne s’agit pas ici de mettre une famille à la rue ». Sonia reconnaît que son cas n’est pas facile : « J’ai un secteur de recherche, en plus de tout cela, qui n’est pas évident ». Car une de ses filles doit partir à la rentrée à Cannes en internat, et un de ses fils dans une école spécialisée pour les élèves en grande difficulté à Fréjus. « Donc je ne peux pas être trop loin de la gare et dans le périmètre de Fréjus, Saint-Raphaël, Roquebrune-sur-Argens, le Muy ou Puget-sur-Argens ». Un vrai casse-tête pour les autorités compétentes. Et une source d’inquiétude supplémentaire pour une mère de famille qui fait ce qu’elle peut pour assumer sa charge… écrasante.