Macron, Président normal
« [Les Français] n’attendent pas, aujourd’hui, des petites piques ou des reproches de la part de leur Président mais bien des résultats. »
Bienvenue dans le monde réel. Emmanuel Macron à qui tout souriait, devant lequel les planètes s’alignaient comme par magie est peut-être tout simplement en train de devenir en cette rentrée un chef de l’Etat comme les autres. Un Président normal avec des tuiles à répétition, des crises et des polémiques normales. L’insolente baraka du début de mandat n’est plus qu’un lointain souvenir. Et l’illusion d’un nouveau monde n’aura pas survécu à l’abracadabrantesque feuilleton de l’été autour de l’affaire Benalla. Croissance en berne, retraités couteau entre les dents et conflits sociaux à l’horizon : la rentrée d’Emmanuel Macron n’est dans le fond pas très différente que celles qu’ont dû affronter en leur temps Chirac, Sarkozy et Hollande. Au-delà du coup de tonnerre déclenché par sa démission, Nicolas Hulot a sévèrement entamé l’autorité présidentielle en ne prenant même pas la peine de prévenir Emmanuel Macron de sa décision. Contraint d’annuler le séminaire gouvernemental programmé aujourd’hui, à la recherche d’une personnalité incontestable pour remplacer Hulot, l’exécutif avance dans le brouillard. Les déclarations d’Emmanuel Macron hier au sujet du prélèvement à la source ne font qu’accentuer cette impression de flou généralisé. Ce Président si sûr de lui, si déterminé, douterait donc d’une mesure si importante pour le pays, quatre mois seulement avant sa mise en oeuvre ? Si on comprend qu’il ne veuille pas prendre le risque d’un fiasco colossal qui pourrait lui coûter très cher, cette valse-hésitation n’est certainement pas de nature à rassurer une opinion en proie au doute. Dans ce contexte, le trait d’humour depuis le Danemark sur «les Gaulois réfractaires au changement » est particulièrement déplacé. Si les Français ont l’habitude de ces petites phrases trop abondamment commentées, beaucoup peuvent avoir le sentiment d’être pointés du doigt, voire méprisés. Or ceuxci n’attendent pas, aujourd’hui, des petites piques ou des reproches de la part de leur Président, mais bien des résultats. Quinze mois après son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron les leur doit. Il le sait pertinemment, les Gaulois (pardon, les Français...) ne sont pas des gens particulièrement patients.