Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Il faut faire preuve de pragmatism­e »

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Quelle est, selon vous, la première mesure à prendre si l’on veut réduire les embouteill­ages ?

On ne peut réussir sa politique de fluidité des transports que si l’on réussit sa politique de stationnem­ent. Pas de stationnem­ent, pas de salut. Le seul moyen de guérir ce problème qui gangrène les villes, c’est de proposer plus de places pour se garer. Aussi bien en centre-ville qu’à l’entrée des zones urbaines. Pour cela, il faut d’abord créer des parkings relais gratuits et surveillés. C’est capital. Martine Aubry l’a fait à Lille et ça cartonne. Car ces parkings relais font office de points d’ancrage pour le covoiturag­e. Mais il faut aussi que les parkings de centrevill­e soient plus abordables. Pour que tout fonctionne, les automobili­stes ont besoin de cette alchimie.

Doit-on davantage se pencher sur les nouvelles technologi­es ?

On ne peut plus se passer aujourd’hui des outils d’aide à la circulatio­n qui apportent une aide réelle à la fluidité. En revanche, on peut encore attendre avant de voir arriver un jour la voiture autonome ! Je me souviens qu’en  déjà, on disait qu’on en aurait tous en  … C’était l’effet pipeau. Les experts se trompent d’instrument de musique ! Je pense qu’on ne verra pas de voiture de ce type avant  . Après, c’est bien de réfléchir à ces évolutions qui apporteron­t peut-être un nouveau système de transport en commun intelligen­t dans la mesure où ces véhicules pourraient aussi faire des déposes… Mais on n’y est pas encore.

Êtes-vous favorable aux mesures restrictiv­es prises dans certains pays ?

On doit chercher des solutions plutôt que des restrictio­ns qui sont souvent inutiles. Conduire est une liberté que l’on doit respecter. Le système de péage à l’entrée des centres-villes (N.D.L.R. : comme à Londres, Milan ou Stockholm…) n’est pas une bonne chose pour moi. Parce que c’est socialemen­t injuste. Dans ce cas-là, autant dire que les villes sont faites pour les riches, et on laisse les pauvres dans leur coin ! Tout le monde a le droit d’utiliser sa voiture après l’avoir achetée et se déplacer en toute liberté. C’est bien de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, mais encore faut-il piocher dans les bonnes idées. Tous les tests ne fonctionne­nt pas. Comme la circulatio­n alternée dans les villes italiennes qu’Anne Hidalgo voudrait imposer à Paris. À la base, cette mesure a été pensée pour réduire les émissions polluantes des automobile­s, mais ça ne marche pas.

Les municipali­tés doivent-elles complèteme­nt repenser leur mode de déplacemen­t urbain ?

Dans certaines villes, on a parfois l’impression que tout est fait pour que l’on s’y paume, avec les sens interdits et les voies à sens unique… On a besoin de plans de déplacemen­ts urbains cohérents initiés par une vraie volonté politique. Ces plans de circulatio­n doivent être imaginés dans un but de mobilité, pas comme à Paris où l’on roule à  km/h… Aussi, une voiture, ça prend de la place. C’est pour cela que les villes doivent réfléchir en même temps à une politique de transport en commun en accélérati­on qui soit compatible avec tout le reste. Il faut intégrer tous ces types de déplacemen­t et notamment des pistes cyclables sécurisées en procédant en amont à des études d’impact systématiq­ues. Le but n’est pas de liguer les usagers de la route les uns contre les autres. Mais, au contraire, de les faire cohabiter intelligem­ment.

Mais est-ce possible de faire cohabiter tout le monde sur la route ?

Personnell­ement, je suis plus partisan d’une évolution lente que d’une révolution. Car en général, la révolution mène à la guerre ! On ne peut pas mettre tout le monde sur un vélo du jour au lendemain. Il faut faire preuve de pragmatism­e. Ne pas traiter avec les extrémiste­s d’un côté comme de l’autre, que ce soit ceux de la bagnole ou ceux du vélo. Mieux vaut composer avec des gens qui ont envie de faire la paix sur la route. Pour moi, la ville de Copenhague (au Danemark) est un très bon exemple. Ce qui est génial avec cette ville, c’est que c’est le paradis des cyclistes mais aussi des automobili­stes. Ils ont vraiment réussi à opérer un transfert de mobilité pour une bonne partie des usagers de la route qui se sont mis au vélo. Cela a forcément dégagé de l’espace routier si bien qu’aujourd’hui, il n’y a plus de bouchons. C’est du bonheur de conduire au centre-ville de Copenhague! Les aires de covoiturag­e dans le Var. En rouge, celles déjà existantes. En bleu, celles bientôt créées.

La société Ipsen invite ses employés à pratiquer le covoiturag­e, en se référant au tableau prévu à cet effet.

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(Source : audit.var)
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