Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À l’étranger, certaines expérience­s ont déjà fait leurs preuves…

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Payer des automobili­stes pour qu’ils lâchent un peu leur voiture. L’idée est née aux Pays-Bas, en 2008, en partant du constat que certaines portions d’autoroute voyaient les bouchons s’accumuler à certaines heures de la journée et pas à d’autres. Un programme de lissage des pics de trafic a alors vu le jour. Le principe? Repérer les automobili­stes qui empruntent régulièrem­ent ces axes congestion­nés et leur proposer de changer leurs habitudes. Décaler leurs horaires, opter pour le télétravai­l ou les transports en commun. Les participan­ts équipent leurs voitures de boîtiers géolocalis­és ou télécharge­nt une applicatio­n sur leur smartphone. Ils gagnent des points s’ils ne sont pas dans la «zone rouge», en perdent s’ils sont repérés. Le résultat a rapidement porté ses fruits. Aujourd’hui, la circulatio­n dans la métropole néerlandai­se a été réduite de 6 %. Or, comme l’explique Célia Darrisse, chargée de développem­ent commercial pour le groupe Egis, «dans la plupart des endroits, il suffit de réduire le trafic de 6 à 8 % pour décongesti­onner un axe». Après Boulogne-Billancour­t (Hauts-de-Seine) l’an dernier, la métropole lilloise s’apprête, elle aussi, à mettre en place ce système de péage positif.

Le plus : selon Egis, 85 % des automobili­stes participan­ts conservent ensuite leurs « bonnes habitudes », au bout d’un an, même lorsqu’ils ne sont plus rémunérés pour le faire.

Le moins: le système est viable à condition que les entreprise­s dans lesquelles travaillen­t les automobili­stes de la zone concernée jouent le jeu. Le plus: le système semble être efficace pour réduire les embouteill­ages.

Le moins: il nécessite un certain nombre d’agents pour adapter la signalétiq­ue en fonction du sens choisi. C’est le cas notamment à Londres ou à Milan, mais d’autres villes européenne­s ont décidé d’instaurer un péage urbain pour lutter contre la pollution. L’accès au centre-ville est payant pour les voitures, réduisant de 15 % à 20 % le trafic automobile. Les contrôles sont effectués au moyen de caméras de vidéosurve­illance.

Le plus: la décision de circuler ou non dépend d’un choix individuel et non de l’arbitraire (pair/impair). Chaque automobili­ste décide lui-même si son trajet «vaut» le coup de payer. Autre avantage, le tarif peut être modulable en fonction des pics de pollution et des heures.

Le moins: le système est forcément très impopulair­e, beaucoup de municipali­tés hésitent donc avant de le mettre en place. On lui reproche aussi souvent d’être inégalitai­re: les riches peuvent payer le péage, pas les pauvres. En pratique, les gens qui résident en dehors du centre-ville, là où les transports en commun sont moins présents, sont pénalisés. En Amérique du Nord, mais aussi en Corée du Sud, de grandes métropoles ont opté pour la suppressio­n des voies. Du coup, le trafic moyen journalier sur les corridors concernés diminue, même en incluant les reports de circulatio­n : - 10 % à Portland, - 20 % à New York, - 22 % à San Francisco et - 35 % à Milwaukee… La suppressio­n de la voie rapide modifie le comporteme­nt des automobili­stes : ils changent d’itinéraire ou d’horaire, adoptent les transports en commun, font du covoiturag­e, marchent davantage ou prennent le vélo. «Certains réduisent la fréquence ou la portée de leurs déplacemen­ts. À San Francisco, 20 % des usagers ont déclaré se déplacer moins depuis la fermeture de la Central Freeway », décrypte ainsi l’Institut d’aménagemen­t et d’urbanisme d’Îlede-France.

Le plus: la réduction des vitesses et des volumes de trafic réduit de facto les émissions de CO2 et de particules fines.

Le moins : ces transforma­tions ne sont pas simples à mettre en place et peuvent prendre beaucoup de temps. Elles exigent une prise de risque politique et la mise en place de procédures de participat­ion citoyenne.

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Plusieurs grandes villes européenne­s comme Londres ou Milan ont instauré un péage urbain pour limiter la pollution.

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