Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Je fais peu mais, au moins, je fais quelque chose»

- PROPOS RECUEILLIS PAR J.-M. D.

Rémi Camus a entamé à Dunkerque un tour de France à la nage de 2 650 km en 91 étapes, qui doit le conduire à Monaco le 16 septembre. Depuis le 1er juin, il longe les côtes françaises en nageant. Il porte deux messages forts: oui on peut dépasser ses limites, la pollution représente un réel danger. Il rejoindra Toulon aujourd’hui puis Carqueiran­ne demain. Ce jeune lanceur d’alerte ultramotiv­é et apparemmen­t en pleine forme a bien voulu répondre à nos questions.

Manifestem­ent, vous n’en êtes pas à votre premier exploit : comment tout cela a-t-il commencé ?

Je menais une vie ordinaire de maître d’hôtel quand j’ai eu entre les mains le livre de Jamel Bahli :  pays traversés en courant. Après cette lecture, je n’étais plus le même et, à  ans, j’ai décidé de partir moi aussi courir à travers l’Australie sur   km en  et traversé des épreuves, notamment le manque d’eau. J’ai dû me résoudre par deux fois à boire mon urine. J’ai ensuite descendu le Mékong depuis le Tibet jusqu’à la mer sur   km en . C’est là que j’ai vraiment pris conscience de la fragilité des milieux aquatiques : en effet, ce fleuve majestueux reçoit des quantités incroyable­s de déchets plastiques, de fosses d’aisance et rejets d’hydrocarbu­res tout au long de son parcours. Cela m’a fait réagir car évidemment en descendant le fleuve sur mon hydro speed, j’étais aux premières loges… »

Ensuite, vous organisez ce tour de France : quel message souhaitez-vous véhiculer ?

Je prépare ce projet depuis un an car il s’agit d’une opération très lourde qui nécessite de gros moyens logistique­s et, d’après mes recherches, nul ne l’a jamais tenté. Mon objectif principal est de sensibilis­er la population à la pollution marine et à l’accès à l’eau pour tous. Il ne s’agit pas pour moi de culpabilis­er mais simplement de rappeler les bons comporteme­nts sur terre et en mer afin de limiter la diffusion des déchets. J’insiste pour m’adresser aux enfants car ils sont très réceptifs et ce sont eux qui, par la suite, éduquent leurs parents ! Je donne également des conférence­s sur ces sujets. Selon les statistiqu­es,  tonnes de déchets sont déversées dans les mers et les océans dans le monde chaque seconde. Je veux encore une fois envoyer un message pour la protection de l’environnem­ent. Ce que je fais, c’est peu mais, au moins, je fais quelque chose et c’est cela qui est important. Je réalise ce défi sans assistance mais pas sans sécurité : je suis relié en permanence à une planche disposant de matériel de communicat­ion. Physiqueme­nt, je me prépare depuis sept mois grâce à des séances quotidienn­es à la salle de sport et à la piscine.

De nouveaux projets ?

À la fin de cette aventure, je vais publier un documentai­re, un livre et une BD puis préparer un prochain défi sportif secret. J’ai aussi le projet de financer, sur le Mékong, une machine de “dépolyméri­sation” du plastique pour en recycler le pétrole. En savoir + Arrivée à Toulon aujorud’hui, vers 16 heures sur la plage de Pipady ; demain soir à Carqueiran­ne.

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Rémi Camus : « J’insiste pour m’adresser aux enfants car ils sont très réceptifs et ce sont eux qui, par la suite, éduquent leurs parents ! »

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