Var-Matin (La Seyne / Sanary)

JOURNÉE) AS MONACO - OM

La rentrée tonitruant­e de Pellegri à Bordeaux et son but donnent envie de revoir l’Italien de 17 ans sur une pelouse. Une fougue qu’il faut pourtant canaliser

- FABIEN PIGALLE (AVEC W. H.)

Il ne sera peut-être pas titulaire face à l’OM ce soir, mais Pietro Pellegri, 17 ans, a les moyens de faire basculer cette rencontre s’il venait à rentrer. Comme la semaine dernière à Bordeaux, malgré la défaite, pour ses premières minutes en Ligue 1 cette saison. À peine entré, l’Italien a fait étalage de son talent et montré à ses détracteur­s que l’ASM avait eu raison de croire en lui. Acheté 25 millions d’euros au Genoa cet hiver, son arrivée avait beaucoup fait parler. Il était pourtant le plus jeune joueur de l’histoire de la Série A à s’être offert un doublé, la Juventus lorgnant même sur son mètre quatre-vingt-huit et ses 80 kilos de muscles.

Pour les victimes du pont de Gênes

« Il est entré à Bordeaux, a fait un pressing très haut pour récupérer le ballon, chose qu’on n’a pas été capable de faire lors des soixante premières minutes, il a frappé et marqué, résumait Jardim, avant de tempérer : Mais ce n’est qu’un but, il a encore beaucoup de marge de progressio­n. » Qu’un but, mais pas n’importe lequel non plus. Celui de la délivrance. Après sa frappe du gauche sous la barre de Costil, il a laissé éclater sa rage, pure, bestiale, belle à voir. Derrière se cachait énormément de frustratio­n accumulée. La tristesse, aussi. « Pietro m’a dit qu’il dédiait son but à son grand-père décédé récemment et aux victimes du pont de Gênes, nous confiait Marco, le papa, team manager du Genoa, son club formateur. Il habitait dans le centre-ville et passait dessus au moins quatre à six fois par jour pour rejoindre le centre d’entraîneme­nt. » Ce drame a touché Pellegri au plus profond de lui, à l’image de tous les habitants de la ville. Une blessure qui renforce un peu plus encore son caractère. Déjà bien trempé. « Franchemen­t, il faut voir comme il broute le gazon à l’entraîneme­nt. C’est un animal, il travaille énormément et se donne les moyens pour réussir », raconte un cadre du vestiaire. Jardim abonde : « Je pense qu’il a une qualité très importante pour réussir : sa capacité à bosser. » Une volonté mise à mal par des pépins physiques. « Il était très frustré par ses blessures, raconte le papa. Ça a coupé sa préparatio­n et il ne voyait pas le bout du tunnel. Ce but est le meilleur message. Un attaquant a toujours besoin de marquer pour se sentir mieux. »

Jardim et la gestion des jeunes

Un problème de pubalgie que le staff médical monégasque connaissai­t au moment de la signature. En accord avec le joueur, l’opération a été préférée. « On a corrigé son souci de pubalgie », raconte Jardim, qui a rappelé l’importance de prendre le temps avec les jeunes. « Je pense que certains ne se préoccupen­t pas des jeunes et de leur santé. Le but est de les faire grandir et prendre beaucoup de force rapidement pour les vendre. Nous ici, on fait attention. À l’évolution naturelle du corps, des muscles et tendons... C’est important pour le futur. Avec notre méthode, il essaye de jouer plus au ballon pour gagner d’autres qualités, techniquem­ent et tactiqueme­nt. » Depuis que Pellegri a posé ses valises sur le Rocher, les louanges pleuvent et il se pourrait bien qu’il explose cette saison. Et pourquoi pas l’aligner aux côtés de Falcao ? Jardim prône la patience. « Oui, ils peuvent jouer ensemble, a avoué le Portugais. Mais regardez à Bordeaux, ça s’est bien passé 10 minutes et après les 15 dernières, les Girondins ont pris la possession du ballon et ont gagné. Il n’est pas encore au top. Pour le futur, oui il pourra jouer plus, mais il faudra qu’il progresse et l’équipe aussi.» Et qu’il marque. Pourquoi pas ce soir ?

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