Un loto à la rescousse de la Villa Lumière
Le Grand salon, pièce maîtresse de l’ancien “palais”, est l’un des 270 sites choisis par Stephane Bern pour bénéficier des aides issues de l’action de mécénat lancée hier par la Française des Jeux
De l’ombre à la lumière… Bien caché au sein de la copropriété Le Palais Lumière, le Grand salon fait partie des 270 sites français choisis par Stéphane Bern, chargé de la mission Patrimoine, pour être éligible au Loto du patrimoine (1). Il faudra bien ça. « Nous évaluons à 250000 euros les fonds nécessaires à la restauration de l’intérieur et à 380 000 euros le budget de la réfection des façades », précise Guy Rey, président fondateur en 2012 de l’Association restauration du Grand salon Lumière (ARGSL). Un président, ingénieur en retraite résidant à Aix-en-Provence, qui a découvert le lieu prestigieux, mais fortement dégradé et quasi désaffecté, en 2006, à l’occasion « de la réception d’appartements reçus en héritage ».
Monument historique depuis
L’actuelle copropriété de cinquante appartements (quarante copropriétaires) a été constituée en 1938 sur la base de l’ex-Golfhôtel, lui-même édifié à partir de 1925 sur la base du Château Lumière, palais de 1100 m2 et de trente-six pièces, construit à partir de 1885 sur le très vaste domaine du « Clos des plages » s’étendant sur 90 hectares! Une propriété acquise par Antoine Lumière, le père d’Auguste et Louis, les deux illustres inventeurs du cinématographe. C’est lorsqu’il découvre l’oubli dans lequel est tombé ce lieu prestigieux (le Grand salon, les toitures et les façades sont pourtant inscrits depuis 1996 aux Monuments historiques comme “lieu de mémoire,
témoin de la présence des Lumière et des débuts du cinéma”) que Guy Rey se passionne pour la copropriété, son histoire et son Grand salon, intégré aux parties communes. « C’est là où on organise les assemblées générales de la copropriété ! » lance-t-il. Il faut dire que l’endroit, même très dégradé, a gardé des traces de son luxe d’antan. « Au centre de la vaste pièce haute de plafond (11 m x 11 m de côté sur 10 m de haut) entourée d’un balcon intérieur d’époque, un lustre électrique
de “grand luxe”, jaillissant de la tête d’un lion héraldique, chère aux frères Lumière ; de même que la reprise du motif du “lion” sur les terres cuites qui tapissent les murs du deuxième étage», décrit Guy Rey, sont des rappels à la magnificence de jadis. Aujourd’hui l’ARGSL, qui a financé (avec le département et la Ville) un projet de restauration, confié à des architectes du patrimoine de la Région, est suivie par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), également cofinanceur.
L’association compte une centaine d’adhérents (copropriétaires ou non) et multiplie les initiatives pour se faire connaître et trouver des partenaires. Une pugnacité qui a séduit Stéphane Bern, qui leur a ouvert des portes et donné l’accès au Graal. Dans l’attente de l’aboutissement du projet de restauration – sa raison d’être –, l’association, qui ouvre les portes du Palais Lumière pour des visites guidées à l’occasion des Journées du patrimoine ou sur rendez-vous (tél.
06.67.59.83.72) a aussi déployé en ligne une étonnante visite virtuelle de l’ancien Palais Lumière (2). Les enjeux historiques dépassent en effet le cadre de l’actuelle copropriété: le Grand salon qui fut le lieu de la première projection « d’expérience de cinématographe » le 21 septembre 1895, méritait bien ce coup de projecteur.