Var-Matin (La Seyne / Sanary)

BOL D’OR, DU  AU  SEPTEMBRE AU CIRCUIT PAUL-RICARD « Deux taches à effacer »

Parti au tapis lors de ses deux précédente­s participat­ions, le Grassois Alan Techer, champion du monde d’endurance 2018, de retour dans le camp Yamaha, veut conjurer le sort à domicile

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Champion du monde ! Deux semaines après les Bleus, Lloris, Griezmann, Pogba, Mbappé et compagnie, lui aussi a décroché le Graal, cet été. Aux  Heures de Suzuka, Alan Techer est monté sur le toit de l’endurance. Couronné avec son compatriot­e Freddy Foray et l’Australien Josh Hook, au sein de l’équipe japonaise F.C.C TSR-Honda France... que le jeune Grassois a ensuite quittée pour entamer un nouveau défi. Retour à la case départ. La semaine prochaine, c’est au guidon d’une Yamaha R de la structure auvergnate Viltaïs Pierret Expérience­s qu’il partira à l’assaut de son troisième Bol d’Or. Celle-là même qui lui avait mis le pied à l’étrier lors de l’édition . Un souvenir mitigé, tout comme le dernier en date. Deux départs prometteur­s, deux chutes aussi frustrante­s que douloureus­es ! Autant dire que l’ambassadeu­r du Moto Club de Cannes a soif de revanche au moment de s’avancer vers la première grille de départ varoise du championna­t FIM-EWC .

Alan, ça fait quoi d’être champion du monde d’endurance à  ans ?

C’est juste extraordin­aire ! Empocher le titre là-bas, à Suzuka, sur le circuit de Honda et Bridgeston­e, on ne pouvait pas rêver mieux. J’ai d’ailleurs eu de la peine à réaliser.

Après les deux gadins enchaînés fin , ce n’était pas gagné d’avance ?

Ah non ! J’encaisse déjà assez mal la chute du Bol d’Or survenue le dimanche matin alors que nous nous battions pour la victoire. Freddy (Foray) et Josh (Hook) parviennen­t quand même à sauver les meubles en prenant la e place. Un mois et demi plus tard, hélas, je me blesse encore plus gravement à Suzuka lors de la finale du Superbike japonais. Bilan : deux chevilles fracturées, ainsi que le bras et le poignet gauches. À ce moment-là, j’ai le moral dans les chaussette­s. Je me pose pas mal de questions sur la suite de ma carrière. Mais la moto, c’est ma vie. Alors, on a vite remonté la pente avec le soutien du team, de mes coéquipier­s et de mes kinés, que je remercie. Si l’expérience a été dure à vivre, elle m’a fait grandir. Ensuite, la victoire aux  Heures du Mans, en avril, nous replace dans la course au titre. Et voilà... Ce fut vraiment une saison très riche en émotions de toutes sortes.

Quelle a été la clé de la réussite ?

La cohésion de l’équipage. Ensemble, nous avons vécu des moments très forts. La confiance était totale entre nous. Super entente ! D’un bout à l’autre, on a visé la même cible et on s’est serré les coudes pour l’atteindre.

Le fait de ne pas avoir roulé en course à Oschersleb­en et Suzuka at-il terni votre joie ?

Non, ce titre, j’estime le mériter pleinement. J’ai apporté ma pierre à l’édifice, comme tous les membres du team. En Allemagne, le choix était justifié car il s’est avéré payant. Au Japon, en revanche, ce fut plus dur à comprendre car j’avais le rythme. Bon, à présent, mieux vaut éviter de se perdre en polémique. Ça ne servirait à rien.

Comment avez-vous vécu la rupture ?

J’avais des liens très forts avec Mazakasu Fujii, le patron du team F.C.C TSR. Il m’a beaucoup aidé quand je me suis fait mal. Hélas, les rapports avec certaines personnes se sont détériorés en fin de saison. De quoi mettre un terme à cette belle aventure. On ne pouvait vraiment pas redémarrer dans les mêmes conditions.

Quelles étaient les pistes, alors ?

Bien sûr, je visais une place au sein d’un top team. La séparation ayant été officialis­ée très tard, courant juillet, j’ai manqué de temps. Les solutions étaient rares, et en plus, les trois pilotes du GMT  cherchaien­t aussi un guidon cet été...

Le choix de Viltaïs Pierret Expérience­s, quelque part, il s’agit d’un retour aux sources, non ?

En effet, j’ai accompli mes premiers pas en endurance avec eux au Castellet, lors du Bol d’Or . Depuis, l’équipe s’est bien développée, structurée. Elle a gagné la Coupe du monde FIM (catégorie Stocksport, ndlr) en . Aujourd’hui, elle monte en EWC, l’élite de la discipline, en bénéfician­t du soutien de Yamaha France et Yamaha Europe. Leur projet ambitieux exposé par Yannick Lucot, le boss, m’a séduit. Je sais comment ils travaillen­t et vice-versa. Donc j’arrive avec l’envie de les aider à progresser vite.

L’objectif, à moyen terme, c’est de s’installer à la place laissée vacante par le GMT  ?

Cette équipe a tout gagné. Les grandes courses, le championna­t. C’est un bel exemple. Pour essayer de suivre ses traces, il faut dans un premier temps se montrer digne de la confiance que nous accorde Yamaha. Apprendre, progresser régulièrem­ent, sans brûler les étapes.

Le mode d’emploi de la Yamaha R diffère-t-il beaucoup de celui de la Honda CBR ?

Oui, mais je me suis vite

adapté. Dans les virages longs, la Yam’ a un comporteme­nt assez sain, même si elle est un peu moins stable. Le principal changement, en fait, il se situe côté pneus. Chez Honda, on avait des Bridgeston­e « factory », des gommes de pointe, très performant­es. Là, le retour aux Dunlop m’impose de modifier un peu mon style de pilotage.

Vos nouveaux coéquipier­s ?

L’Allemand Florian Alt, je l’avais croisé en -. Lui et moi, on figurait dans la même promotion de la Red Bull Rookies Cup. Quant à Axel Maurin, nous avons déjà roulé ensemble chez Viltaïs lors du Bol .

Après les  Heures de Spa disputées en août et les tests pré-Bol, la semaine dernière, êtes-vous prêts à en découdre ?

En Belgique, on a couru juste pour affiner quelques repères et réglages. Notamment avec Florian, car il mesure , m et moi , m. Ensuite, la moto a été assemblée très tard, à peine  heures avant le premier jour de roulage au Paul-Ricard. Donc ce test servait surtout à ‘‘dégrossir’’ le matos. Au Bol, on va engranger une multitude de données, d’informatio­ns, et nous aurons ensuite six mois pour les faire fructifier.

Peut-on dire que le top  constitue une cible à votre portée dès cette échéance initiale au Castellet ? Si tout se passe bien, oui, c’est possible. En tout cas, on y va pour cela.

Votre pronostic pour la victoire?

À la régulière, honnêtemen­t, je pense que le YART (Yamaha Autriche) tient la corde. Il possède la bonne moto, les bons pneus et un équipage très solide. Trois pilotes performant­s et constants. J’ai du mal à voir quelqu’un les inquiéter.

Vos deux précédente­s participat­ions ont accouché du même scénario : une cadence très rapide jusqu’à une chute brisant net l’élan le dimanche matin. Alan, avez-vous un compte à régler avec le Bol d’Or ?

En , j’étais tombé à cause d’une trace d’huile. L’an dernier, au début d’un relais, avec un pneu dur, je me fais surprendre. Par conséquent, oui, je vais aborder l’épreuve avec un état d’esprit un brin revanchard. Le Bol, c’est l’étape à domicile, près de la maison. Il y a deux taches à effacer. À moi de savoir réaliser une course propre. D’être toujours aussi rapide et plus fiable afin de tordre le cou au dicton « jamais deux sans trois ».

Le top , c’est possible ”

Trois jours de fête 82e Bol d’Or (+ Bol d’Argent et Bol d’Or Classic) du 14 au 16 septembre au circuit Paul-Ricard. Essais qualificat­ifs 1 jeudi 13 de 15 h 40 à 16 h 30, essais qualificat­ifs 2 vendredi 14 de 9h40 à 11h30, départ samedi 15 à 15 h, arrivée dimanche 16 à 15 h. Tarifs (pass 3 jours uniquement) : enceinte générale 70 € (46 000 places assises en accès libre), aire du Mistral MCTBO 82 €, aire du Lac 86 €. Location : www.boldor.com

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