LA SEYNE : TUÉS PAR BALLES À14 ET 19 ANS
Dans la nuit de dimanche à hier, « Dany », un collégien de 14 ans, et William Gomis, 19 ans, ancien joueur de foot réserviste de l’AS Saint-Étienne, ont été abattus sur un parking de la cité Berthe. Le bilan des meurtres par armes à feu s’alourdit dans la
Le bilan des meurtres par armes à feu dans l’agglomération de Toulon s’est encore alourdi dans la nuit de dimanche à hier. William Gomis, 19 ans, et « Dany », 14 ans, ont été tués par balles sur le parking de la résidence L’Abricotier, dans le quartier Berthe, à La Seyne-sur-Mer. Les auteurs des tirs, dont l’un était muni d’une kalachnikov, ont pris la fuite. La police judiciaire a été saisie, a annoncé hier Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon. « C’était après le match de l’équipe de France (retransmis dimanche soir, Ndlr) que j’ai entendu plusieurs coups de feu, témoigne un riverain. Je suis allé à la fenêtre de ma chambre qui donne sur le parking. »
« C’est devenu New York »
William Gomis est décédé sur place. Selon nos informations, l’adolescent aurait quant à lui été transporté à l’hôpital le plus proche par son propre père. « Je l’ai vu dans les bras d’un homme qui le portait », confirme notre témoin. Mais « Dany », collégien à Toulon, a rendu son dernier souffle vers 4 heures du matin. Dans le même temps, les techniciens spécialisés dans la recherche d’indices ont ramassé une vingtaine de douilles de deux calibres différents. « Les policiers en combinaison blanche sont restés une bonne partie de la nuit, ils ont utilisé des lasers pour retracer les trajectoires », affirme ce riverain, 68 ans, retraité d’une entreprise publique. « Ça fait trente ans que je vis ici, c’est devenu New York. Ce parking est squatté tous les soirs par des jeunes qui contrôlent les entrées et les sorties, déploret-il. Ça n’avait pas tiré depuis un mois ou deux .»
L’hypothèse d’une vendetta
Ce réglement de comptes vient en effet ponctuer une série de coups de feu, avec ou sans blessé, à La Seyne. Un homme avait été abattu d’une rafale de kalachnikov, début août (lire notre infographie, page suivante). On déplore aussi plusieurs blessés par balles à La Seyne en juin et en juillet (nos éditions précédentes)... Enfin, il y a près d’un an Lionel Gomis, un cousin de William, avait été exécuté dans un immeuble voisin de L’Abricotier... Ainsi, ce nouveau drame pourrait s’inscrire dans une logique de « vengeance », avance une source judiciaire.
Que se passe-t-il dans les quartiers de Toulon et La Seyne ? Pourquoi les tirs dépassent-ils le stade de l’intimidation et visent clairement à tuer ? Le trafic de stupéfiants est-il une toile de fond suffisante pour expliquer tous ces meurtres ? Depuis onze mois, sept personnes ont trouvé la mort dans l’aire toulonnaise. Sur la période récente, jamais une telle fréquence n’avait été observée. La Seyne sort particulièrement traumatisée. Traumatisme d’autant plus aigu que le précédent meurtre remonte au 4 août dernier. Demba Touré, 24 ans, arrosé par une rafale de kalachnikov devant un bar à chicha. Il est toujours envisagé qu’il ait été visé par erreur. La famille du jeune homme a organisé une marche blanche pour dénoncer une violence insupportable.
« Cela fait revivre notre drame »
«Pour les membres de la famille, cela fait revivre notre drame, confie un cousin de Demba Touré. Ma tante a entendu les balles. Et c’est comme ça que son fils a été tué. » La soeur de Demba, Hawa Touré se navre: «On n’a pas fini un deuil, qu’il y en a d’autres.» Octobre 2017, c’est dans le quartier Berthe qu’est tombé Lionel Gomis, 27 ans, présenté comme un cousin de William Gomis. Lionel a été tué dans le bâtiment situé en face de celui où la fusillade de la nuit dernière a éclaté. Ce meurtre marque-t-il un point de départ dans les violences seynoises ? Les quartiers toulonnais n’ont pas été épargnés. Pontcarral en novembre 2017, Sainte-Musse en janvier 2018, le Guynemer en mars 2018 (notre infographie), où la famille Saoula a appris le double meurtre de La Seyne. « L’effet d’une claque »;« cela ravive la tristesse pour notre cousin », confie un proche. Sur ces sept morts par armes à feu, l’antenne toulonnaise de la police judiciaire tient des suspects dans trois affaires. Six sont écroués.