La Roque teste les vendanges nocturnes P7
Et si récolter le raisin “à la fraîche” améliorait la qualité du futur vin ? Les vignerons du Moulin de La Roque ont décidé de tenter l’expérience. Début de réponse attendu à la fin du mois
Lors des vendanges, le soleil est encore bien présent et chauffe parfois plus que raisonnablement le vignoble, abreuvant si l’on ose dire les fruits de ses rayons. En revanche la nuit, la température baisse désormais sensiblement et deviendrait idéale pour que les grappes ramassées nuitamment conservent toutes leurs propriétés. Aussi pour la première fois les vignerons du Moulin de la Roque, le président Eric Isnard et la directrice Pascale Andrieux en tête (1), ont vendangé ce week-end sous un ciel étoilé, avant le lever du soleil, une parcelle de mourvèdre, grenache et cinsault (propriété de Jean Cabot).
Eviter l’oxydation et le choc thermique
« Cette première expérience, expliquait Xavier Ranc, l’oenologue, est menée pour plusieurs raisons. Cueilli à la fraîche, le raisin gardera les conditions optimales pour élaborer un excellent vin rosé. La fraîcheur de la nuit évitera en effet l’oxydation des baies avant qu’elles n’arrivent dans le chai – ce qui pourrait nuire à la qualité du vin – en leur conservant leur couleur et leurs arômes. La vendange nocturne lui évite en outre de subir un choc thermique entraînant une perte d’arômes. » Les quatre cents kilos récoltés lors de cette première vendange nocturne de La Roque, par une température voisine de 15 degrés, ont ainsi immédiatement été destinés à une vinification particulière, voire expérimentale, en rosé, « dont les premières particularités seront perceptibles fin septembre ».
Une pratique à généraliser ?
Selon les résultats obtenus, « il est possible, poursuit l’oenologue, eu égard au réchauffement climatique, que nous envisagions les futures vendanges différemment, peut-être en avançant la cueillette de quelques heures le matin et de ne plus travailler l’après-midi. Sachant que, soumis à des vendanges manuelles, il nous faudra réfléchir à une nouvelle organisation. » 1. Accompagnés de Bernard Aimar, Alain Gairoard, Jean-Marie et Claudine Pessus, Chantal Ricardon et sa maman, Bastien Mukler, Frédéric Cercio et Jean-Michel Amic.