Attentat raté aux bonbonnes de gaz à Paris: une djihadiste varoise aux assises
Des juges antiterroristes ont ordonné le renvoi aux assises du commando de cinq femmes djihadistes démantelé en septembre 2016 après un attentat raté à la voiture piégée près de Notre-Dame de Paris, a-t-on appris, hier, de sources concordantes. Parmi elle, la Varoise Sarah Hervouët, qui habitait à Cogolin au moment des faits et avait tenté de rejoindre la Syrie en mars 2015 (la mobilisation de sa famille avait fait achopper son projet). Cette affaire avait mis en lumière le passage en première ligne des femmes dans le djihad armé sur le territoire français. Il s’agit du premier dossier à être renvoyé aux assises parmi la vague d’attentats et de tentatives d’attentats islamistes qui ont fait 246 morts en France depuis 2015.
Cinq femmes djihadistes
Ces cinq femmes, aujourd’hui âgées de 21 à 41 ans, sont accusées d’avoir voulu lancer des attaques en suivant les consignes, via des messageries cryptées, de Rachid Kassim, propagandiste du groupe Etat islamique (EI). Ce dernier est également renvoyé pour complicité, bien que probablement tué en Irak en 2017. Ces six accusés devront être jugés devant une cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Quatre femmes et Kassim sont aussi poursuivis pour des tentatives d’assassinats terroristes et des complicités, selon l’ordonnance, susceptible d’appel. À leurs côtés, deux de leurs proches, dont un suspect de l’attentat de Magnanville – où un couple de policiers avait été tué – sont poursuivis pour non-dénonciation de crime terroriste, un délit entré dans la loi trois mois avant les faits. Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, après avoir envoyé des vidéos de revendication à Kassim, Inès Madani, alors âgée de 19 ans, et Ornella Gilligmann, une mère de famille de dix ans son ainée, tentaient d’enflammer avec une cigarette une Peugeot 607 remplie de six bonbonnes de gaz et aspergée de gasoil qu’elles avaient garée devant des restaurants en face de la cathédrale. « Seul un mauvais choix du carburant, difficilement inflammable, ce que manifestement elles ignoraient toutes les deux, a fait échec à leur tentative » dont le mode opératoire « augurait d’un carnage» sur les terrasses environnantes, notent les magistrats. Sur les indications de Kassim, Inès Madani, en cavale, avait alors rejoint deux autres femmes radicalisées : la Varoise Sarah Hervouët, donc, 23 ans à l’époque, et Amel Sakaou, mère de quatre enfants alors âgée de 39 ans. Toutes les trois sont accusées d’avoir projeté de nouvelles attaques.
Elle avait bléssé un policier
Le 8 septembre, se sachant traquées par la police, elles avaient quitté précipitamment l’appartement où elles avaient trouvé refuge, armées de couteaux de cuisine. Sarah Hervouët avait blessé un policier du renseignement intérieur et Inès Madani menacé un autre, souhaitant « mourir en martyr ».