Ces camions de livraison qui font râler les riverains
Le pôle de réception des semi-remorques qui approvisionnent le Carrefour Market est situé sur l’avenue du Mas d’Ixelles. Un collectif d’habitants s’est créé pour dénoncer les nuisances
La colère gronde du côté de certains riverains de l’avenue du Mas d’Ixelles et de la traverse perpendiculaire du même nom. A tel point qu’ils se sont montés en collectif, ont fait constater les faits par un huissier et, même, alerté le procureur. La “faute” aux poids lourds qui livrent le supermarché Carrefour Market, sur ladite avenue. «Onena mar re », râle Josette, à l’origine de la fronde et d’une pétition qui a recueilli une cinquantaine de signatures, avant d’énumérer les griefs : « Nuisances sonores, parfois dès 5 h du matin » ; « difficultés de circuler durant les manoeuvres des camions rentrant en marche arrière, qui peuvent parfois prendre 15 minutes » – il est vrai dans un mouchoir de poche –; « manque de visibilité et risque d’accident», « pollution accrue », « dégradation de murs par les semi-remorques » et, enfin, « dépréciation de la valeur des propriétés proches de l’espace de livraison ».
Atteintes aux codes civil et de la santé publique?
Si la situation n’est pas nouvelle, elle semble avoir pris une autre dimension depuis l’extension, il y a deux ans, du magasin. Et le regain d’activité constaté chaque été à cause (ou grâce) aux touristes ne participe pas à atténuer les rancoeurs. En août dernier, d’ailleurs, dans sa lettre excédée au procureur de la République, le collectif ose carrément écrire : « Si le propriétaire de Carrefour Market voulait dégoûter ses voisins et racheter des terrains adjacents à bas pris, il ne s’y prendrait pas mieux pour mettre la pression aux propriétaires et les inciter à vendre et à quitter le quartier. » Ambiance dans le voisinage… Pourtant, le propriétaire incriminé assure, au contraire, tenter de composer au mieux avec la configuration des lieux, les obligations légales et la gêne occasionnée par ces nécessaires livraisons (lire ci-contre). En face, on ne démord pas, au point de penser à « porter plainte pour atteintes au code civil, dû à l’emplacement d’un accès de livraison en totale inadéquation avec la vie résidentielle du quartier et avec le concept de proximité ». Et de rappeler que «le code de la santé publique sanctionne tout bruit de nature à porter atteinte à la tranquillité ou à la santé par sa durée, sa répétition et son intensité ». Aussi, le collectif pense savoir comment mettre fin au conflit : « Car refour Market dispose d’un accès par l’avenue de la Mer pour les semi-remorques et d’un espace à l’arrière de l’actuelle zone de livraison suffisamment éloignés des propriétés privées. » Malgré plusieurs rencontres entre les riverains et la direction du magasin, auxquelles s’est parfois mêlée la municipalité, cette solution a reçu une fin de non-recevoir. Peut-être que la justice, qui n’a pour l’heure pas encore mis le nez dans ce drôle de conflit de voisinage, mettra tout le monde d’accord. Dominique Morin est propriétaire du Carrefour Market de l’avenue de la Mer depuis ans. S’il concède qu’il peut y avoir des désagréments à habiter à proximité d’un supermarché, il se présente surtout comme un « homme à l’écoute et soucieux de les minimiser autant que possible » .Etadumalà comprendre le procès qu’on veut lui faire aujourd’hui : « Il y a plusieurs années, nous étions livrés tôt le matin. On a fait en sorte de se faire livrer en fin de matinée et l’après-midi, pour moins déranger les voisins, il y a ou ans… Et aujourd’hui, certains voudraient qu’on cesse de livrer aussi à h… C’est jamais simple », confie-t-il d’un ton un peu las. Quelques camions peuvent encore venir tôt le matin, mais « c’est très rare… et ce sont de petits fournisseurs locaux. » Mais il le sait, ce ne sont pas ceux-là qui dérangent : « Ce sont les semi-remorques qui, le temps de faire leurs manoeuvres, bloquent la circulation deux ou trois minutes… » Des manoeuvres délicates vue l’étroitesse de l’accès, qui, il l’admet, peuvent mettre plus de temps « mais seulement si le chauffeur est un remplaçant, pas habitué ». Quant à la solution préconisée par le collectif de déplacer le pôle de réception côté avenue de la Mer ? « Mais on n’a tout simplement pas le droit, du fait du risque inondation à cet endroit ! Il y a des règles d’urbanisme à respecter… » Apprenant que le collectif a écrit au procureur, il réagit : « On a pourtant fait des réunions avec ces gens-là, avec qui je ne tiens d’ailleurs pas à me fâcher… Mais certains, qui veulent vendre leur maison, ne nous entendent pas. Ce n’est pas comme si on était de mauvaise foi, on dialogue… Je fais des efforts depuis que je suis là, notamment sur les nuisances sonores, olfactives, environnementales… Là, on se sent quand même un peu offensé. » Pour conclure : « Il faut bien que je me fasse approvisionner. Et je ne peux pas faire autrement. »