Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ces camions de livraison qui font râler les riverains

Le pôle de réception des semi-remorques qui approvisio­nnent le Carrefour Market est situé sur l’avenue du Mas d’Ixelles. Un collectif d’habitants s’est créé pour dénoncer les nuisances

- J. P. jpoillot@nicematin.fr

La colère gronde du côté de certains riverains de l’avenue du Mas d’Ixelles et de la traverse perpendicu­laire du même nom. A tel point qu’ils se sont montés en collectif, ont fait constater les faits par un huissier et, même, alerté le procureur. La “faute” aux poids lourds qui livrent le supermarch­é Carrefour Market, sur ladite avenue. «Onena mar re », râle Josette, à l’origine de la fronde et d’une pétition qui a recueilli une cinquantai­ne de signatures, avant d’énumérer les griefs : « Nuisances sonores, parfois dès 5 h du matin » ; « difficulté­s de circuler durant les manoeuvres des camions rentrant en marche arrière, qui peuvent parfois prendre 15 minutes » – il est vrai dans un mouchoir de poche –; « manque de visibilité et risque d’accident», « pollution accrue », « dégradatio­n de murs par les semi-remorques » et, enfin, « dépréciati­on de la valeur des propriétés proches de l’espace de livraison ».

Atteintes aux codes civil et de la santé publique?

Si la situation n’est pas nouvelle, elle semble avoir pris une autre dimension depuis l’extension, il y a deux ans, du magasin. Et le regain d’activité constaté chaque été à cause (ou grâce) aux touristes ne participe pas à atténuer les rancoeurs. En août dernier, d’ailleurs, dans sa lettre excédée au procureur de la République, le collectif ose carrément écrire : « Si le propriétai­re de Carrefour Market voulait dégoûter ses voisins et racheter des terrains adjacents à bas pris, il ne s’y prendrait pas mieux pour mettre la pression aux propriétai­res et les inciter à vendre et à quitter le quartier. » Ambiance dans le voisinage… Pourtant, le propriétai­re incriminé assure, au contraire, tenter de composer au mieux avec la configurat­ion des lieux, les obligation­s légales et la gêne occasionné­e par ces nécessaire­s livraisons (lire ci-contre). En face, on ne démord pas, au point de penser à « porter plainte pour atteintes au code civil, dû à l’emplacemen­t d’un accès de livraison en totale inadéquati­on avec la vie résidentie­lle du quartier et avec le concept de proximité ». Et de rappeler que «le code de la santé publique sanctionne tout bruit de nature à porter atteinte à la tranquilli­té ou à la santé par sa durée, sa répétition et son intensité ». Aussi, le collectif pense savoir comment mettre fin au conflit : « Car refour Market dispose d’un accès par l’avenue de la Mer pour les semi-remorques et d’un espace à l’arrière de l’actuelle zone de livraison suffisamme­nt éloignés des propriétés privées. » Malgré plusieurs rencontres entre les riverains et la direction du magasin, auxquelles s’est parfois mêlée la municipali­té, cette solution a reçu une fin de non-recevoir. Peut-être que la justice, qui n’a pour l’heure pas encore mis le nez dans ce drôle de conflit de voisinage, mettra tout le monde d’accord. Dominique Morin est propriétai­re du Carrefour Market de l’avenue de la Mer depuis  ans. S’il concède qu’il peut y avoir des désagrémen­ts à habiter à proximité d’un supermarch­é, il se présente surtout comme un « homme à l’écoute et soucieux de les minimiser autant que possible » .Etadumalà comprendre le procès qu’on veut lui faire aujourd’hui : « Il y a plusieurs années, nous étions livrés tôt le matin. On a fait en sorte de se faire livrer en fin de matinée et l’après-midi, pour moins déranger les voisins, il y a  ou  ans… Et aujourd’hui, certains voudraient qu’on cesse de livrer aussi à  h… C’est jamais simple », confie-t-il d’un ton un peu las. Quelques camions peuvent encore venir tôt le matin, mais « c’est très rare… et ce sont de petits fournisseu­rs locaux. » Mais il le sait, ce ne sont pas ceux-là qui dérangent : « Ce sont les semi-remorques qui, le temps de faire leurs manoeuvres, bloquent la circulatio­n deux ou trois minutes… » Des manoeuvres délicates vue l’étroitesse de l’accès, qui, il l’admet, peuvent mettre plus de temps « mais seulement si le chauffeur est un remplaçant, pas habitué ». Quant à la solution préconisée par le collectif de déplacer le pôle de réception côté avenue de la Mer ? « Mais on n’a tout simplement pas le droit, du fait du risque inondation à cet endroit ! Il y a des règles d’urbanisme à respecter… » Apprenant que le collectif a écrit au procureur, il réagit : « On a pourtant fait des réunions avec ces gens-là, avec qui je ne tiens d’ailleurs pas à me fâcher… Mais certains, qui veulent vendre leur maison, ne nous entendent pas. Ce n’est pas comme si on était de mauvaise foi, on dialogue… Je fais des efforts depuis que je suis là, notamment sur les nuisances sonores, olfactives, environnem­entales… Là, on se sent quand même un peu offensé. » Pour conclure : « Il faut bien que je me fasse approvisio­nner. Et je ne peux pas faire autrement. »

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(Photos DR) Camions en attente stationnan­t en double sens, manoeuvres jugées trop longues, bruit… les griefs sont nombreux. Mais le propriétai­re du magasin explique qu’il ne peut pas faire autrement.

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