Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il y a  ans, Vasarely étalait son “op art” sur la mairie P

Il y a tout juste trente ans, la façade nord de l’hôtel de ville se parait d’une oeuvre majeure de l’artiste Victor Vasarely. Pourtant aujourd’hui, plus personne – ou presque – n’y fait attention

- M. G. mguillon@nicematin.fr

Combien sommes-nous à passer devant sans lever la tête ? L’oeuvre de Vasarely fait tellement partie du décor qu’il n’y a plus guère que ceux qui viennent pour la première fois à La Seyne qui la remarquent. « Comme les Parisiens ne voient plus la Tour Eiffel, observe Éric Marro, adjoint au maire en charge de la culture, les Seynois ne voient plus la fresque Vasarely ; elle est devenue presque transparen­te dans le paysage ». Pourtant, trente ans après son installati­on (le 17 septembre 1988), celle-ci reste une oeuvre majeure du patrimoine local. Cette fresque a été commandée par l’équipe municipale dirigée à l’époque par Charles Scaglia. Ce dernier avait souhaité « donner à La Seyne l’image d’une ville résolument tournée vers l’avenir, par un aménagemen­t de qualité de l’espace urbain, pour le bien-être des Seynois et de tous ceux qui traversero­nt la commune », comme le rapporte le bulletin municipal de septembre 1988.

« Un symbole fort »

« Sur ce grand mur gris de la façade nord de l’hôtel de ville, nous avons souhaité installer une oeuvre d’art s’intégrant le plus parfaiteme­nt possible avec le style du bâtiment, se souvient Marc Quiviger, qui était alors adjoint aux affaires culturelle­s et au patrimoine. Dans un contexte de crise des chantiers, nous voulions marquer un changement d’époque, avec quelque chose d’innovant du point de vue culturel. L’idée était aussi d’avoir un symbole fort en entrée de ville, avec le pont à gauche et une immense oeuvre d’art à droite. Et puis, cette oeuvre devait aussi faire référence au bicentenai­re de la Révolution, qui allait être célébré en 1989 ; d’où ses trois couleurs ». « Nous avions lancé un appel d’offres, poursuit Marc Quiviger, et avions reçu le doyen de la fac d’Aix, également directeur de la fondation Vasarely. On nous a présenté trois maquettes et nous les avons étudiées lors d’un conseil d’adjoints. Au final, une large majorité s’est dégagée en faveur de cette fresque ». « Cette oeuvre monumental­e a été conçue en fonction des caractéris­tiques et des dimensions du bâtiment, explique Pierre Vasarely, le petit-fils de Victor. Le pignon a été découpé en trois parties selon la thématique et les préoccupat­ions artistique­s chères à Vasarely, à savoir les cubes de Kepler. Les études de matériaux ont été réalisées avec la société Hunter Douglas, fabricant de produits architectu­raux, qui fournissai­t les bardages aluminium. La réalisatio­n n’a demandé que quelques mois ». Son accrochage n’a toutefois pas laissé que de bons souvenirs à Marc Quiviger : «Il a fallu nettoyer la façade pour que les attaches tiennent bien, et on craignait que le béton ne vieillisse mal. Mais finalement, l’entreprise seynoise qui s’est chargée des fixations a bien fait le travail. Pour mon grand bonheur, ça a l’air de toujours bien tenir! ». On parle en effet d’une fresque d’une superficie de 440 mètres carrés, accrochée en deux parties : la partie haute mesure 22 mètres sur 11, tandis que la partie basse fait 19 mètres sur 10.

Une valorisati­on future ?

Techniquem­ent, l’oeuvre résiste bien aux outrages du temps : « Elle a tenu trente ans sans bouger ; c’est la preuve qu’elle a été réalisée dans des matériaux prévus pour durer et résister aux intempérie­s », observe Ériv Marro. De plus, trente ans après, affirme Marc Quiviger, «certains saluent encore ce côté innovant du choix qui a été fait à l’époque ». Et d’aucuns, à l’image de Florence Cyrulnik, conseillèr­e municipale en charge du patrimoine, estiment que l’oeuvre pourrait être valorisée, par exemple dans le cadre d’un parcours : « Cette fresque pourrait être mise en lien avec d’autres expression­s de Vasarely dans la région Paca. Il y a en effet le musée Vasarely à Gordes et la fondation Vasarely à Aix-en-Provence. On pourrait donc imaginer un itinéraire permettant de mettre en lumière les différente­s expression­s de l’artiste dans la région »... Une propositio­n qui séduit le petit-fils de l’artiste : « Cela me semble une très bonne idée dans la mesure où il y a beaucoup d’oeuvres de Vasarely entre Aix, Marseille, Monaco et La Seyne… » .Un projet qui pourrait, aussi, être une manière de rendre l’oeuvre monumental­e plus visible aux yeux des Seynois.

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(Photo F. Muller) Une fresque aux couleurs bleu, blanc, rouge sur une mairie, cela peut paraître évident. Et pourtant, les couleurs ont été choisies en  en référence au bicentenai­re de la Révolution française, qui allait être célébré l’année suivante.
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