Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Biosécurit­é : un guide pour les petits élevages de volailles La réglementa­tion s’est durcie, entraînant des frais mettant en péril les structures familiales. Les services de l’État ont validé des adaptation­s pour les fermes en autarcie et en circuit court

- V. G. vgeorges@nicematin.fr

Jérôme Leheux, producteur d’oeufs bio à Ampus, est un fermier heureux. Il a échappé, comme nombre de ses confrères, à l’obligation d’investir des sommes importante­s pour se conformer à l’arrêté Biosécurit­é du 8 février 2016, qui impose, à toute la profession, des pratiques spécifique­s de prévention et l’élaboratio­n d’un plan de biosécurit­é. Prises dans un contexte sanitaire particulie­r (épizooties de grippe aviaire), les mesures de biosécurit­é permettent de prévenir et limiter l’introducti­on, la circulatio­n et la persistanc­e de contaminan­ts (agents pathogènes responsabl­es de maladies) sur une ferme, ainsi que leur diffusion à d’autres sites de production. «Mais elles sont adaptées aux élevages industriel­s, pas aux petites structures familiales», souligne Sylvain Apostolo, porte-parole de la Confédérat­ion paysanne.

L’aval du ministère de l’Agriculure

Les éleveurs de ce syndicat agricole ont rédigé, avec divers partenaire­s (1), un autre guide de biosécurit­é, dédié aux petites fermes. Il a reçu, cet été, l’aval du ministère de l’Agricultur­e, via la direction générale de l’alimentati­on. Il ne s’agit pas d’un document au rabais, puisqu’il répond aux risques et aux objectifs définis par l’État. Mais il prend en compte les spécificit­és des exploitati­ons répondant à trois critères: d’abord leur petite taille, c’est-à-dire celles qui comptent moins de 5000 animaux présents en même temps sur le site (ce qui est déjà beaucoup plus que la plupart des élevages varois); ensuite, la vente en circuit court, directemen­t au consommate­ur ou par le biais d’un seul et unique intermédia­ire (magasin bio, AMAP); et enfin les fermes en autarcie (sans vente d’animaux vivants). « Un système de production qui déjà limite un grand nombre de risques sanitaires », selon Sylvain Apostolo.

«Je suis seul »

« Je me suis installé il y a cinq ans, explique Jérôme Leheux. Toutes ces nouvelles normes n’existaient pas. Sans l’interventi­on d’AgribioVar et de la confédérat­ion, qui se sont saisies du problème, et l’écoute de la DDPP (Direction départemen­tale de la protection des population­s, Ndlr), qui a réalisé l’énormité de ce qui nous était demandé, j’aurais dû faire des investisse­ments importants qui auraient, en plus, alourdi un temps de travail déjà conséquent puisque je suis seul. » À titre d’exemple, il indique qu’il n’a donc pas besoin d’un sas de désinfecti­on devant chacun de ses deux poulailler­s mais d’un seul à l’entrée de sa ferme de 900 pondeuses. Il peut aussi conserver ses chiens, « d’autant qu’ils font partie intégrante de ma production car ils écartent les prédateurs » (rapaces, renards, Ndlr). D’autres dispositio­ns techniques ont été revues qui lui permettent de fonctionne­r dans le respect de la biosécurit­é. 1. Fédération nationale de l’agricultur­e biologique, comité national d’action et de défense des aviculteur­s, mouvement interrégio­nal des AMAP, etc.

 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? Jérôme Leheux, producteur d’oeufs bio à Ampus, peut travailler en respectant la biosécurit­é, mais n’a pas été obligé de réaliser d’importants investisse­ments, grâce au guide réalisé pour les petits fermes.
(Photos Dylan Meiffret) Jérôme Leheux, producteur d’oeufs bio à Ampus, peut travailler en respectant la biosécurit­é, mais n’a pas été obligé de réaliser d’importants investisse­ments, grâce au guide réalisé pour les petits fermes.
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