Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quand un accident du travail se règle au tribunal correction­nel de Toulon

- F. DUMAS

Le « Monsieur sécurité » d’une entreprise était poursuivi, hier, devant le tribunal correction­nel pour «blessures involontai­res avec incapacité supérieure à trois mois ». La société SAS NCI Environnem­ent devait également répondre de blessures involontai­res subies par un employé Toulonnais qui a quitté l’entreprise à la suite de son accident de travail. Le 30 janvier 2014, le salarié avait voulu monter à bord de son « chargeur » ,un impression­nant camion de chantier, mais le marchepied était défectueux. Il a glissé et est tombé à la renverse sur le dos. Résultat : 120 jours d’arrêt de travail.

« Comme un animal mort!»

Entendue après l’accident, la victime, qui ne s’est pas présentée à l’audience, avait déclaré: «On m’a laissé comme un animal mort au bord de la route ». La présidente, Claire Diwo, est revenue sur ces déclaratio­ns et a interrogé le cadre responsabl­e de la sécurité : « Avez-vous pris de ses nouvelles dans les semaines qui ont suivi ? ». « Oui, j’avais des nouvelles régulièrem­ent. Mais personnell­ement, je ne l’ai pas appelé », a répondu le prévenu. « Pare-brise abîmé, klaxon à réparer, siège conducteur défectueux, marche suspendue : pendant des mois, les employés ont fait remonter que des réparation­s étaient nécessaire­s et vous n’avez rien fait ! », a conspué la représenta­nte du ministère public avant de demander 30000 euros d’amende contre la société et 8 000 contre le responsabl­e de la sécurité. L’avocate représenta­nt la victime qui s’est constituée partie civile, Me Mélanie Lauer, a enfoncé le clou : « La défectuosi­té de la marche ne fait plus de doute puisqu’elle était suspendue en l’air et seulement tenue par une chaîne. L’employé en avait parlé mais on lui a répondu que l’entreprise n’avait plus de sous !». En défense de la société et du cadre, Mes Fanny Colin et Olivier Moret ont plaidé la relaxe, estimant «quele matériel faisait l’objet de contrôles périodique­s et qu’à aucun moment, l’inspection du travail n’avait dressé de procès-verbal relatif à une anomalie ». N’empêche que la société a déjà été condamnée à deux reprises pour des faits similaires. Le jugement du tribunal de Toulon sera rendu le 12 octobre prochain.

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