Portable en prison, à La Farlède: friture à l’audience
Quatre mois de prison ferme qui se rajoutent à plus de huit ans de réclusion criminelle. Hier matin, le tribunal correctionnel de Toulon a jugé un détenu de la prison de La Farlède, pour avoir caché un téléphone portable dans sa cellule, ainsi qu’une carte Sim. Ce qui a posé problème, ne cache pas le président du tribunal, ce sont «les prêches retrouvés sur la carte Sim ».
« En train de se radicaliser ? »
Face à un prévenu qui se défend sans vraiment s’expliquer, le tribunal se fait explicite : « Tout de suite, dans le contexte tendu que nous connaissons, on va se demander si vous êtes en train de vous radicaliser, Monsieur.» « Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Les prêches, je ne les ai pas consultés», assure Stéphane D. 41 ans. Qui lui a donné ce téléphone et pourquoi, on ne le saura pas. L’intéressé se justifie à peine: « Ça m’a servi pour téléphoner à mes parents.» Les prêches évoquent pêle-mêle « le ramadan, le jeûne, la nourriture des mécréants et les Berbères qui combattent les musulmans ».
« Téléphones en propriété partagée »
La procureure voudrait comprendre pourquoi ce détenu qui pouvait légalement téléphoner à ses parents avait donc besoin d’un portable clandestin. « Les téléphones portables pullulent en détention. Ils sont souvent en propriété partagée, d’une cellule à l’autre », fustige-t-elle. La magistrate relate que de plus en plus, « les [détenus] sortants font don à ceux qui restent de leur téléphone ». Et requiert six mois de détention, en pénalisant le prévenu sur certains crédits de peine, dont il a bénéficiés. Avec l’avocat de la défense, le ton s’envenime. «Heureusement que tous les détenus qui ont un téléphone portable ne se retrouvent pas ici, s’exclame-t-il. Lui reprochet-on son téléphone portable, ou sa pratique de la religion ? »
« Prêches positifs »
Dans les prêches, Me Morgan Daudé-Maginot ne relève lui, « rien de négatif, aucun appel au terrorisme, plutôt des paroles positives, comme “Allah pardonne”». Reconnaissant qu’il existe « un climat d’angoisse », il se demande si l’objectif est de « sanctionner le détenu en lui rajoutant quelques mois en plus ». Sur le passé de Stéphane D., il évoque « la légion étrangère, un parcours militaire honorable »et« son comportement positif en détention ». Le tribunal a tranché : quatre mois de prison ferme. Incarcéré depuis 2010, le détenu était libérable dans un mois.