Var-Matin (La Seyne / Sanary)

BOUES ROUGES: CITOYENS EN COLÈRE

Depuis La Seyne, l’associatio­n de protection des océans, ZEA, a fair rugir le festival Colère rouge pour dire « stop » au rejet des boues rouges qui polluent une partie de la Méditerran­ée.

- OLIVIER BOUISSON

La Seyne L’associatio­n de protection des océans, ZEA, a organisé samedi soir aux Sablettes l’événement Colère rouge. Une manière de dire en discours, en actes et en musique que la pollution générée par les boues rouges en Méditerran­ée doit cesser au plus vite

Vous qui vivez sur les bords de la Méditerran­ée, avez-vous déjà entendu parler des boues rouges ? De ces résidus industriel­s issus de la fabricatio­n de l’aluminium chargés en soude, arsenic et métaux lourds (mercure, plomb, vanadium, chrome, titane). Saviez-vous que lesdites boues rouges sont rejetées légalement par l’usine Alteo de Gardanne au large de Cassis et qu’elles ont été identifiée­s de Fos-sur-Mer à Hyères sans oublier la rade de Toulon ?

« Gardanne, c’est la préhistoir­e ! »

C’est pour dénoncer ce véritable scandale que l’associatio­n seynoise ZEA (“mer” en néerlandai­s) se bat depuis plusieurs années pour mobiliser les population­s autour de cette cause. En octobre 2015, le géographe de l’université de Toulon, Olivier Dubuquoy, fondait le mouvement Nation Océan. Aux Sablettes, en musique et avec le soutien de José Bové. Trois ans plus tard, le militant et ses acolytes de l’associatio­n devenue ZEA, ont dégainé l’événement Colère rouge. Histoire de mettre la pression sur le nouveau ministre de la Transition écologique, pas vraiment acquis à la cause selon eux. Samedi soir, devant la baie de Tamaris, près de 2000 personnes sont venues exprimer d’une même voix leur rejet de la menace rouge. Après s’être informé auprès des nombreuses associatio­ns environnem­entales et d’économie collaborat­ive présentes – et pu acheter boissons et en-cas avec la monnaie locale La Fève – le public a communié devant la scène. Tour à tour joyeuse, grave, pédagogiqu­e et colérique, bien sûr. À chaque rotation de musiciens, les orateurs se sont succédé au micro. Parmi eux, le premier prud’homme de pêche de La Ciotat, Gérard Carrodano, a fait une interventi­on remarquée : « Il y a cinq ans, personne ne parlait des boues rouges. Face aux députés “escrologiq­ues” à la solde des industriel­s et des “chiantifiq­ues”, on a failli baisser les bras, mais quand je vous vois tous réunis, vous me filez la patate pour continuer ! On doit laisser une mer belle et propre à nos enfants. Gardanne, c’est la préhistoir­e ! Trop de gens ne le savent pas encore. » Ovation de la foule. Colère collégiale. Chiffres à l’appui : chaque jour, 6 000 tonnes de boues rouges sont rejetées en mer.

Appelé à perdurer

Alors vers 22 heures et après un spectacle aussi aérien que gracieux, les festivalie­rs ont brandi des cartons rouges en papier (malheureus­ement mal distribués) à l’adresse du pollueur. « Le carton rouge a bien été entendu », se réjouissai­t le lendemain Olivier Dubuquoy, encore sur son « petit nuage ».« Contrairem­ent à 2015 où l’essentiel du public était venu pour les concerts, là, je pense que trois-quarts du public étaient des militants. On a peut-être trouvé un format durable. » L’organisate­ur pense déjà à une nouvelle édition, l’année prochaine ou la suivante. Une idée alléchante alors que le site résonne encore du refrain de la chanson Chile de No one is innocent : « Nous gagnerons même si tu ne le crois pas ! »

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(Photos Luc Boutria) Près de  personnes ont répondu à l’appel des organisate­urs.
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Chauffés à blanc par les musiciens, les spectateur­s ont accompagné les propos des différents intervenan­ts sur scène avec entrain et... colère.
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No one is innocent...

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