L’homme qui nage pour demander pardon aux océans
Il a un physique de poisson lune mais la grâce d’une rascasse. Ismaël Patu Huukena vit aux Îles Marquises. Depuis quatre ans, il nage dans l’océan, reliant le chapelet d’archipels de cette partie du Pacifique pour porter la bonne parole. À raison de six heuresparjour,entreheth, « quand les portes de l’océan s’ouvrent et se referment » comme il dit joliment. L’an dernier, il a fait le tour de l’île de Tahiti pour demander pardon à l’océan. Pardon à la nature et aux animaux pour tout le mal causé par l’Homme. À son compteur, près de kilomètres de nage pour sensibiliser à la pollution des océans et récolter des fonds pour lutter contre le fléau. Présent samedi soir à Colère rouge, y compris sur scène, Ismaël Patu Huukena évoque sa mission : « En Polynésie, chaque fois que je nage, je vois des détritus rejetés par les thoniers et des plastiques qui piègent les tortues et les dauphins. Mon message, c’est de dire aux adultes de ne pas jeter leurs déchets et de donner l’exemple aux enfants. On est là pour
protéger l’océan et les animaux marins. » Actuellement en France pour faire la promotion d’un film qui lui est consacré, « Isma » a été invité par le réalisateur Jean-Charles Granjon à participer vendredi à une « nage inspirante ». Le but : parcourir les kilomètres qui séparent la calanque d’En Vau (Cassis) du phare de Cassidaigne, à la verticale d’un pipe-line de la société Alteo qui rejette les boues rouges en mer. Dans l’eau, des grands noms du monde marin : la nageuse Coraly Balmy, l’apnéiste marseillais Morgan Bourch’is, le recordman mondial de plongeon de haut vol à m, Lionel Franc (Cassis), Laurent Demola, un nageur longue distance greffé du foie (Aubagne) et d’autres figures du monde associatif marin. « C’était un peu sournois car on nageait dans une eau très claire, très bleue, mais on se déplaçait au-dessus d’un tuyau de la mort qui est là depuis des décennies et sans s’en rendre compte », témoigne l’apnéiste Morgan Bourch’is.