Saint-Martin: le coup de gueule de Macron
Emmanuel Macron, qui a dit samedi sa colère d’une trop lente reconstruction de Saint-Martin après le passage dévastateur de l’ouragan Irma, achève son déplacement de quatre jours aux Antilles avec une mobilisation pour relancer le tourisme dans l’île meurtrie, avant de se rendre à Saint-Barthélemy. Le chef de l’État a tancé, hier, une nouvelle fois chefs d’entreprises, bailleurs sociaux et Collectivité de Saint-Martin, comme il l’a fait la veille dans une très longue déambulation à Quartier d’Orléans, quartier pauvre et populaire, pour les rappeler à « leur responsabilité ».
« Il faut que ça cesse »
D’une intensité sans précédent sur l’Atlantique, avec des vents de plus de 350 km/h, Irma a fait 11 morts à Saint-Martin et endommagé 95 % du bâti les 5 et 6 septembre 2017. Un an plus tard, seulement 35 % des bâtiments détruits ou très dégradés ont été reconstruits. Au cours de cinq heures de discussion avec une population impatiente de voir une amélioration de ses conditions de vie, Emmanuel Macron a dénoncé « une île dans laquelle il y a eu trop de connivences, trop d’entente parfois même de la corruption. Il faut que ça cesse ». Il s’est notamment dit « en colère avec un système qui s’est habitué à l’inefficacité, avec manifestement des entreprises qui ont décidé que ça allait à leur r ythme qui n’était pas forcément le rythme des besoins des gens, avec des grands groupements, on l’a vu sur les logements sociaux dont je n’ai pas cru comprendre qu’ils manquaient d’argent, et qui n’ont pas été fichus de réparer les toits. » Le chef de l’État a déjeuné avec des restaurateurs et des hôteliers, autour de la question du tourisme, seul moteur économique de l’île fortement impacté par Irma, puisque les hôtels et restaurants étaient le plus souvent situés sur le littoral et ont été violemment touchés par les submersions et les vents violents de l’ouragan. Saint-Martin mise sur une reprise partielle du tourisme pour la saison haute en décembre, avec environ 800 chambres (hôtels, chambres d’hôte, villas en location, etc.) opérationnelles, soit les deux tiers de ce qui existait avant le passage de l’ouragan. Mais l’île, qui s’était concentrée sur un tourisme de masse, à l’inverse de l’île voisine de Saint-Barthélemy qui a misé sur le luxe, avait déjà quasiment perdu la moitié des chambres au cours des 10 dernières années, rappelle Philippe Gustin, délégué interministériel à la reconstruction.
« Le secteur touristique était déjà malade avant Irma, avec des hôtels souvent vieillissants, ne répondant plus aux attentes des touristes ». « Il y a aujourd’hui une volonté d’améliorer ce qui existait (...), d’être dans une logique de montée en gamme en terme de qualité, mais aussi de développement durable et de sécurité. C’est une réalité qui entraîne des délais plus longs parce qu’il ne s’agit pas de refaire rapidement n’importe quoi », a-t-il dit.
Une photo embarrassante
Emmanuel Macron a tenté de dédramatiser dimanche une photo controversée prise à Saint-Martin avec un jeune faisant un geste déplacé, une image immédiatement dénoncée par la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen. Interrogé sur ce cliché dimanche lors d’un point presse à Baie Orientale, le chef de l’Etat a assuré qu’il « aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises ». En fin de journée, Le chef de l’État s’est envolé pour Saint-Barth, où les stigmates de l’ouragan sont peu visibles et la reconstruction quasiment terminée. Mais l’île connaît une grave crise du logement et la population se sent quelque peu oubliée par rapport à SaintMartin.