Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Macron: un terrien comme un autre?

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr de MICHÈLE COTTA

« On retient un mea culpa qui n’est pas dans sa nature... Mais sur le reste, il ne faiblira pas »

Jupiter peut-il se métamorpho­ser ? Peut-il devenir un terrien comme un autre, descendu de son Olympe et proche des simples mortels ? Paradoxe des Français- ne surtout pas dire « des Gaulois »- : tout ce qui leur a plu, l’année dernière, lorsqu’ils ont élu Emmanuel Macron à l’Elysée déplaît aujourd’hui à la plupart d’entre eux : son intronisat­ion majestueus­e, le soir où il s’est adressé à la France depuis la pyramide du Louvre, est prise, depuis, pour de l’arrogance. Son parler vrai, qui faisait de ce novice en politique quelqu’un qui disait les choses comme elles étaient, lui vaut aujourd’hui de sévères critiques, comme si un Président ne devait pas parler comme un candidat. Sa nouveauté dans le paysage français, le « en même temps » de gauche et de droite, qui lui avait valu les faveurs du plus grand nombre en  fédère aujourd’hui contre lui ce qui reste des partis politiques traditionn­els, c’est à dire pas grand-chose, mais assez pour faire beaucoup de bruit. L’Elysée l’a-t-il isolé du reste du monde ? L’« hubris », comme l’a dit Gérard Collomb, cette maladie des humains trop sûrs d’eux et trop loin des autres s’est-elle emparé de lui ? Emmanuel Macron dans ce cas ne serait pas le premier. En attendant, après une rentrée difficile, c’est juré c’est promis, le Président dont l’image a été singulière­ment amochée, a compris le message: oui, il a peut-être fait des erreurs, il y a eu ce qu’il appelle des anicroches. Bref, de ses dernières déclaratio­ns depuis les Antilles, on retient un mea culpa qui n’est pas dans sa nature, et qu’il se sent contraint de faire pour retrouver, s’il le peut, le coeur des Français. Mais sur le reste, il ne faiblira pas. Ralentir serait pire à ses yeux que tout, une mort politique presque. Pas question donc de ralentir le rythme qu’il s’est fixé : réforme de l’assurance chômage, refonte du système de santé, lutte contre la pauvreté, et, à terme, la réforme des régimes de retraites. La tempête de ce début d’automne n’est certes pas terminée. Mais enfin, il était temps pour le Président de parler : lui qui avait tant reproché à son prédécesse­ur de ne pas « montrer le cap» a bien tardé à le faire lui-même. Emmanuel Macron l’impatient doit avant tout mesurer l’impatience des Français.

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