Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«J’ai plus appris ici qu’en deux ans de cours»

Adrien:

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Chez lui, on peut résolument parler d’une vocation. Adrien Rousseau, 17 ans, a su très tôt qu’il serait pâtissier. « Je n’aimais pas l’école », avoue ce jeune Biotois qui a d’abord voulu s’engager dans le compagnonn­age. «Ma famille n’a pas voulu.» Il s’est donc orienté vers un Bac pro au lycée Escoffier, à Cagnes-sur-Mer, où son CAP a été validé deux ans après son entrée. « Je voulais travailler, je me suis intéressé à l’apprentiss­age. Mes parents étaient réticents. Pour eux, les patrons ont tendance à profiter des apprentis. » Il a insisté, il a bien fait. «Effectivem­ent, il y a eu des abus. C’est moins vrai aujourd’hui», assure Régis Lamouret, 46 ans, qui forme Adrien dans la boulangeri­e Gourmandis­es et Traditions qu’il tient avec son épouse et sa soeur, à Grasse. Lui-même est passé par la voie de l’apprentiss­age. « À l’époque, je commençais à 2 h du matin et je finissais… quand c’était fini », dit-il, laconique. Son premier patron lui laissait quasiment les clés de la maison : « Il dormait devant le four, bien au chaud, pendant que je faisais tout. Je suis parti. »

«Une autre façon de travailler»

Mention complément­aire, brevet technique de maîtrise : Adrien prépare son avenir à l’école, une semaine par mois, pour intégrer les données les plus techniques de son activité. Le temps y est optimisé. « Mais j’ai plus appris ici qu’en deux ans de cours », dit le jeune homme qui a voulu « voir ailleurs pour découvrir une autre façon de travailler », après une première expérience réussie à Antibes. En principe, à son âge, la journée ne peut pas commencer avant 6 h. «Ce rythme n’est pas très adapté. Je viens souvent plus tôt, sans quoi l’essentiel serait déjà fait. » Son patron, quand il le peut, s’accorde une pause dans l’après-midi, le temps d’une sieste ou d’un moment avec son fils. Régis Lamouret a du mal à décrocher : « C’est généraleme­nt dix heures par jour et parfois douze.» Très autonome, Adrien est déjà d’un grand soutien. «Même s’il n’est pas toujours présent, il nous avance sur des choses qui nous prendraien­t trop de temps. » À l’heure des comptes, le bilan est satisfaisa­nt. «Un salarié payé 2 000 € coûte le double, charges comprises. Un apprenti, c’est à peu près 750 € pour trois semaines dans le mois. Ou 950, s’il est majeur. » Adrien trouve cela «très correct», d’autant qu’à son âge, « en principe, on est encore chez ses parents ». Plus tard, il envisage de faire ses premières armes au Canada ou en Australie. Avant d’enfiler le tablier de chef pâtissier, en créant probableme­nt son entreprise.

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(Photo F. L.) Adrien et son maître d’apprentiss­age : « Je voulais travailler. »

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