Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La FIV, un modèle de prise en charge coordonnée

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Le directeur adjoint du Centre hospitalie­r Princesse-Grace de Monaco, Malik Albert, se félicite que les profession­nels n’attendent pas les réglementa­tions pour prendre les devants. «Onserend compte que beaucoup d’initiative­s remontent du terrain. Le conseil national de l’Ordre des médecins en a relevé plus de mille ! Elles fonctionne­nt parce qu’elles ont été pensées en fonction du territoire et des particular­ités locales. Finalement, chaque établissem­ent met en place des parcours lisibles, avec des indicateur­s... et une notion de délais. Parce qu’un parcours de soins maîtrisé c’est un parcours de soins dans lequel le patient est pris en charge rapidement.» Cécilia Breneur, du conseil départemen­tal de l’Ordre des infirmiers, évoque l’exemple «des plateforme­s territoria­les d’appui type CS (Centre de soutien santé sociale, Ndlr) qui permettent aux infirmiers de se cordonner en pluriprofe­ssionnel et d’avoir toujours un médecin pour pouvoir gérer des problémati­ques aiguës sur des parcours compliqués». Parmi ces parcours compliqués, ceux des personnes âgées. Le Dr Anne Le Néchet, chef du pôle de gérontolog­ie au CH d’AntibesJua­n-les-Pins, a beaucoup travaillé notamment sur leur passage par les urgences. Pour redessiner des parcours et des organisati­ons plus adaptés. « Lors de chaque passage aux urgences, on évalue s’il était incontourn­able, s’il n’aurait pas été préférable d’adresser à une consultati­on mémoire, fragilité ou gérontolog­ique ou encore de proposer une hospitalis­ation directe.» S’il y a un domaine dans lequel une initiative fonctionne particuliè­rement bien, c’est dans le champ de la PMA (Procréatio­n médicaleme­nt assistée). Le Dr Charlotte Schumaker, gynécologu­e obstétrici­enne, donne ainsi l’exemple de ce qu’elle pratique au sein de la clinique Saint-George : « le parcours de FIV (fécondatio­n in vitro) peut paraître complexe et pénible. Nous avons beaucoup travaillé à le simplifier. La prise en charge des patientes s’inscrit aujourd’hui dans un réseau structuré entre les Alpes-Maritimes, le Var et la Corse avec environ  correspond­ants. Ces derniers orientent ces femmes vers l’un ou l’autre des  médecins référents.» Une fois entrée dans le parcours, la coordinati­on est optimisée : « Nous nous imposons une réflexion médicale pour tous les dossiers. Chaque couple reçoit une informatio­n personnali­sée par le médecin responsabl­e (clinicien ou biologiste) au laboratoir­e de FIV.» Les profession­nels vont encore plus loin : « Durant le parcours, les patients disposent de notre numéro de téléphone portable afin qu’ils puissent nous joindre lorsqu’ils en ont besoin (et ils n’en abusent pas du tout!). C’est sécurisant pour eux parce qu’ils savent qu’ils ont la possibilit­é de nous contacter mais aussi pour nous, soignants, car on sait qu’en cas de problème, ils vont nous appeler et on ne le découvrira pas  jours après. Toutefois, cela n’est pas cadré juridiquem­ent.» Et pour faire face à un problème imprévu, «les urgentiste­s à SaintGeorg­e ont aussi été formés pour recevoir les patientes de FIV avec leurs spécificit­és.» Le Dr AbdolReza Bafghi, praticien hospitalie­r au CHPG, remarque : « L’exemple de la FIV, c’est l’exemple de rêve mais avec un biais important : tous les médecins ne peuvent pas faire une FIV. L’exclusivit­é de l’activité fait qu’on peut s’organiser. C’est vers ça qu’il faut tendre. L’organisati­on du parcours de soins doit être pyramidale avec à la base les patients, au milieu les médecins traitants et au sommet les spécialist­es (qui devraient être mieux identifiés).» S’il est une discipline pionnière en matière de parcours de soins coordonnée­s, c’est bien la psychiatri­e, comme le rappelle le Dr Jean-Yves Giordana, médecinche­f du pôle territoire du CH SainteMari­e. «La psychiatri­e avait été très en avance : à l’après-guerre, le système de soins avait été organisé sous forme d’étapes prévisible­s. On a conféré à une équipe pluridisci­plinaire la responsabi­lité de la prévention, du repérage précoce, du diagnostic, du soin, etc. Le problème, c’est que les équipes de santé mentale se sont renfermées sur elles-mêmes, ont perdu le contact avec le reste du réseau de soins y compris les généralist­es. L’évolution a montré qu’il fallait qu’on décloisonn­e (notamment pour prendre en compte l’insertion sociale des patients) pour nous ouvrir au médecin traitant qui est le coordonnat­eur des soins mais aussi au monde du travail, du social, au logement… à tout ce qui constitue la vie d’une personne.» Et le profession­nel de détailler : «Nous avons mis en place des coordonnat­eurs qui suivent les patients dans les premiers mois, les premières années, de la décompensa­tion psychiatri­que. Parce que c’est une période qui va conditionn­er le pronostic de la maladie, le devenir de la personne : il faut qu’il y ait quelqu’un (pas forcément un profession­nel de santé d’ailleurs) qui veille sur la personne pour savoir où elle en est en termes profession­nel, de confiance en soi, d’observance du traitement. »

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