Santé animale : agir Draguignan
Alexis et Rolland naviguent dans l’étable, au milieu des brebis. Au bureau improvisé parmis les ovins, c’est Julien. Et Bertrand fait les allers-retours. La fine équipe est là depuis 10 minutes, et le ballet va commencer. Une chorégraphie réglée comme du papier à musique. L’opération ne va durer qu’un petit quart d’heure. Retour en arrière. Andréa Marin, exploitant des Délices du Brouis, s’affaire dans l’atelier de fabrication de ses produits laitiers tandis que les chiens Vaqui et Timaï se dorent la pilule sous un soleil enfin de retour après une semaine d’intempéries. « Il y a quelques jours, à La Roque, ce n’était pas pareil ! » C’est Alexis, grand gaillard au verbe facile, qui parle tout en s’équipant. Il est, avec Rolland et Julien, agent préleveur pour le laboratoire départemental d’analyses et d’ingénierie du Var. Ils sont venus prélever des échantillons du sang des animaux afin de déceler d’éventuelles traces de brucellose, maladie infectieuse transmissible à l’homme. Une opération obligatoire pour les éleveurs, effectuée par le service du Conseil départemental. « Quand on dit qu’on travaille pour la collectivité, parfois, on ne nous croit pas. » Il faut dire qu’ils sont loin des bureaux, ces fonctionnaires. Leur job, c’est de participer à l’épidémiosurveillance du Var, via des prises d’échantillons. Plus précisément, on parle de prophylaxie (recherche de traces de maladies). Les analyses seront ensuite effectuées à Draguignan (lire ci-contre).
« Profilaxie Marin : c’est fait!»
Combinaisons intégrales, couvrebottes: tout le monde est paré, il faut y aller. « Ce sont des vêtements jetables, on ne les utilise que pour un lieu, histoire de ne pas contaminer les prochaines bergeries.» C’est justement là que la troupe se dirige. Enfermées pour l’occasion, les 90 brebis d’Andréa attendent. Anxieuses. «Vous voulez entrer avec nous?» C’est parti. La marée animale s’écarte sur notre passage. On se sent un peu comme Moïse face à la mer Rouge. Sauf que là, ça sent le foin. «Qui fait quoi ?», lance Julien. «Je vais encore me faire le secrétariat ? » Bien vu : sur un bureau improvisé, l’agent de prélèvement étale le matériel avec l’aide de Bertrand, le vétérinaire. La partition est rodée, il ne manque qu’un stylo. « Je peux vous en prendre un ? » Pas de problème, on en a d’autres. Le va-et-vient peut commencer. Agrippant par le menton les brebis, Alexis et Rolland présentent au docteur des animaux une belle veine à transpercer d’une aiguille. Ça ne prend qu’une seconde, Bertrand repart vers la table et pose la fiole devant Julien. « Quadruple zéro sept », crie Alexis. Le “nom” de la brebis. Julien note et passe au suivant. «Cinquante zéro quatorze», s’exclame Rolland. Les brebis sont marquées au marqueur rouge. Et ainsi de suite. « Nous prélevons sur 25% du cheptel, ou sur 50 pour les petites exploitations.» C’est le cas ici. Avec les mâles (tous prélevés, eux), ce seront 52 ampoules rouges remplies. « Parfois, il y a des ratés, mais là, la laine n’est pas bien épaisse donc ça va », note Bertrand. Et effectivement, c’est vite plié. « Prophylaxie Marin 2018-2019 : c’est fait », lâche Julien. La campagne ne fait que commencer, et va durer jusqu’au mois de mai. «On devait avoir des vaches cet après-midi, mais l’éleveur n’a pas réussi à les rassembler.» Ce sera pour une autre fois. Le petit groupe n’est pas pressé : «On a 400 éleveurs dans le Var, il faudra tous les faire. » Vu l’efficacité des bonhommes, on leur fait confiance.