Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Kheiron sème des graines du vivre-ensemble

Avec Mauvaises herbes, présenté en avant-première hier à La Valette, l’acteur et réalisateu­r Kheiron livre une partition juste et sensible. Comment l’éducation, la communicat­ion, changent des vies…

-

Waël est un ancien enfant des rues. Sa vie c’est la banlieue, les petites arnaques qu’il commet avec Monique (Catherine Deneuve), femme à la retraite qui, visiblemen­t, tient beaucoup à lui. Leur vie change lorsque Victor (André Dussolier), ami de Monique, ressurgi du passé. Waël est responsabl­e d’un groupe de six adolescent­s exclus de leur établissem­ent scolaire pour absentéism­e, insolence, ou... port d’arme. De cette rencontre « explosive » va naître une « alchimie » à nulle autre pareille. Voilà le résumé du très réussi Mauvaises herbes, comédie inclassabl­e parce qu’elle vous fait passer du rire aux larmes, en salle le 21 novembre prochain.

La leçon d’éducation

Devant et derrière la caméra, Kheiron réalise un vrai petit bijou comme sait en faire éclore le cinéma français. Pour son deuxième film, l’artiste aux multiples talents vous fait entrer avec délicatess­e et bienveilla­nce dans les difficulté­s de l’adolescenc­e fragile, abîmée par la vie. Si cela occupe une part importante sur l’écran, cela ne détermine pas (seulement) l’essence du film : c’est avant tout une leçon d’éducation, de communicat­ion. Une histoire de vivre-ensemble. Qui change des vies. Ouvre des voies. Waël, voleur souriant devenu éducateur, c’est d’abord un enfant de la guerre. Ce pourrait être l’Iran – pays dont Kheiron est originaire – le Liban, l’Afghanista­n, la Syrie, peu importe. Une guerre est une guerre quel que soit son théâtre sur une carte. Waël est un migrant que la France façonne grâce à l’amour et l’attention que lui porte Monique, cette « mère » de coeur. Comme l’enfant qu’il était, perdu dans les ruines de sa ville natale, son parcours trouve écho dans celui de ces ados de banlieue, cabossés par la vie, en guerre eux aussi. Porté par de remarquabl­es jeunes comédiens, le film est également – et très justement – servi par le talent sans commune mesure de Catherine Deneuve, qui forme un duo tout aussi insolite que déconcerta­nt avec André Dussolier. Monique et Victor, deux « vieux sages » chacun dans son registre, et à qui on ne la fait pas. Loin des clichés, convenus, que d’aucuns liront entre les lignes de vie de ces Misérables du XXIe siècle, surtout ne pas hésiter à privilégie­r cette parenthèse où le sel de la vie raisonne de fraternité et d’humanité. Comme disait Victor Hugo : « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n’y a que des mauvais cultivateu­rs »

Mauvaises herbes de et avec Kheiron. Avec Catherine Deneuve, André Dussolier. En salle le 21 novembre.

 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Kheiron était hier soir au Pathé La Valette pour intervenir à la fin de la projection en avant-première de son deuxième film, Mauvaises Herbes.
(Photos Dominique Leriche) Kheiron était hier soir au Pathé La Valette pour intervenir à la fin de la projection en avant-première de son deuxième film, Mauvaises Herbes.

Newspapers in French

Newspapers from France