Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«L’heure d’été, ce n’est pas que l’heure de l’apéro!»

Maire de Mazamet, dans le Tarn, Olivier Fabre a récemment créé l’Associatio­n européenne pour l’heure d’été. Il espère que ce retour à l’heure d’hiver est le dernier, voici pourquoi

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Si l’humour n’est pas pour lui déplaire, le mouvement qu’il a lancé n’a rien d’une plaisanter­ie. Olivier Fabre, 45 ans, maire divers droite de Mazamet (Tarn), était favorable au maintien du changement d’heure. Dans l’hypothèse de son abolition, il milite pour l’adoption définitive de l’heure d’été. Avec des arguments.

D’où vous vient cet engagement militant pour l’heure d’été?

Au mois de février dernier, les députés européens ont demandé une évaluation complète sur le sujet. Ce qui montre que l’idée d’abandonner le changement d’heure a fait son chemin. La grande surprise, c’est que la Commission européenne s’en est saisie très rapidement avec un questionna­ire en ligne qui a reçu dans l’été , millions de réponses. Clou du spectacle : le président Jean-Claude Juncker a révélé que, dans le cas où le changement d’heure serait aboli, plus de  % des Européens souhaitera­ient rester à l’heure d’été. Pour ma part, je pense que le système que nous connaissio­ns était satisfaisa­nt et que l’on a surestimé ses effets négatifs. Il arrive à tout le monde de manger ou de se coucher une heure plus tôt ou plus tard, sans que cela ne perturbe la vie en quoi que ce soit. Mais si l’on ne doit garder qu’une seule heure, alors faisons en sorte que ce soit celle d’été.

Le changement d’heure a-t-il encore un sens sur le plan de la dépense énergétiqu­e ?

L’Ademe [Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie, ndlr] montre que l’heure d’été continuera­it d’avoir des effets bénéfiques en termes de consommati­on énergétiqu­e et surtout d’émission de gaz à effet de serre jusqu’en   au moins. On n’obtient plus les économies auxquelles on parvenait dans les années soixante-dix, mais il y a un petit gain.

Les appareils sont moins voraces et nos habitudes ont changé ?

Selon nous, l’heure d’été convient bien à nos rythmes, tels qu’on les connaît en  dans une économie diversifié­e. On sait qu’aujourd’hui,  % des Français sont encore au lit à  h  du matin quand un sur deux n’est pas encore couché à  h. On observe donc un décalage des habitudes de vie vers le soir : on démarre plus tard au bureau et l’essentiel de la vie sociale et familiale se fait plutôt le soir. Enfin, si l’on restait à l’heure d’hiver, vous, à Nice, c’està-dire tout à fait à l’est de la France, auriez une petite période de mi-juin à mi-juillet pour profiter du soleil et de la lumière naturelle jusqu’à  h  ou  h. Alors que la nuit tomberait à  h en août et que vous devriez attendre très, très longtemps pour profiter à nouveau de l’extérieur. Mais en hiver, il fera nuit un peu tard le matin ? Oui, le jour pointera vers  h/ h  dans les parties du territoire situées le plus à l’ouest, et pendant un mois environ. C’est un tout petit inconvénie­nt par rapport à ce que pourrait impliquer l’heure d’hiver permanente. Une autre question à se poser est la suivante : préfère-ton enfermer les gens chez eux parce qu’il fait nuit noire à  h, ou les voir au jardin avec les enfants, à la terrasse des restaurant­s ou dans une activité sportive ? Encore un argument : on sait que le week-end de la Toussaint est très dangereux sur les routes. Or, les accidents les plus nombreux et souvent les plus graves ont tendance à se produire lors du retour du travail. En conclusion, cette lumière naturelle, mieux vaut l’utiliser en fin de journée plutôt qu’en début de matinée.

Dans les régions touristiqu­es, le bénéfice est déterminan­t ?

L’heure d’hiver définitive signerait la fin des demi-saisons. Chez nous, par exemple, nous n’avons pas un tourisme de masse comme vous pouvez le connaître sur la Côte d’Azur. Mais se développe un tourisme d’arrière-pays et de montagne auquel nous sommes très attentifs. Car c’est un gisement très important. Au niveau français, le tourisme a assuré la moitié des emplois créés depuis dix ans. Mais prenons un tout autre cas, celui des gens qui font des travaux pénibles. L’heure d’hiver « en été » les obligerait à se lever nettement plus tôt pour souffrir un peu moins de la chaleur. Par conséquent, l’heure d’été, ce n’est pas que l’heure de l’apéro.

Les agriculteu­rs ne voient-ils pas les choses autrement ?

Nous avons à Mazamet trois ou quatre éleveurs. Ils disent qu’en gros, ils sont à l’heure de leurs bêtes. Ne plus changer, c’est mieux pour eux puisqu’ils ont, eux aussi, une vie sociale. Mais ce sont toujours les animaux qui donnent le tempo.

Donc, vive l’heure d’été ?

C’est ce que nous plaidons auprès des élus et des ministres, l’Union européenne ayant donné à tous les pays membres jusqu’au mois d’avril pour décider. En leur demandant, si possible, de se concerter entre voisins puisqu’on ne peut pas imaginer qu’il y ait des enclaves avec un décalage. L’heure du choix va arriver, il serait complèteme­nt fou que nos décideurs ne fassent pas ce que souhaitent les Français.

Sans harmonisat­ion au sein de l’UE, tout cela serait absurde ?

Si l’on ne doit garder qu’une seule heure, alors faisons en sorte que ce soit celle d’été. ”

Grosso modo, il pourra y avoir un passage à l’heure d’été au mois de

Ce sont toujours les animaux qui donnent le tempo. ”

mars prochain et, éventuelle­ment, un dernier passage à l’heure d’hiver en octobre  pour ceux qui le souhaitera­ient. D’ici là, chaque pays aura pu se déterminer et l’on peut imaginer qu’une coordinati­on sur le plan européen permettra d’éviter que des pays voisins, ou qui ont des relations très étroites, soient sur des fuseaux différents.

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(Photo DR) « L’heure d’hiver définitive marquerait la fin des demi-saisons », selon le maire de Mazamet (Tarn) Olivier Fabre.

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