Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Stéphane Allix : «Je crois que la vie se poursuit après la mort»

« C’est mon intime conviction », dit ce journalist­e a près la sortie de son livre Après...Quand l’au-delà nous fait signe, dans lequel témoignent les gens qui pensent avoir eu un contact avec un défunt

- PROPOS RECUEILLIS PAR RÉGINE MEUNIER

Écrivain, journalist­e, Stéphane Allix avait écrit Le Test, considéré comme un best-seller. Il y raconte une expérience vécue avec son père décédé et qu’il évoque encore aujourd’hui : « Je cache des objets dans le cercueil de mon papa. Aucun être humain vivant n’est au courant. Un an après, je vais voir six médiums. Et mon père se manifeste auprès de chacun d’eux en parlant de ces objets. Je pense que c’est un résultat indiscutab­le. » Dans son dernier livre Après...Quand l’au-delà nous fait signe, il rapporte plusieurs témoignage­s de gens racontant des vécus subjectifs de contact avec les morts ou des expérience­s de mort imminente. Attention, certaines séquences peuvent heurter la rationalit­é du lecteur.

Qu’apporte votre nouveau livre, Après par rapport au Test ?

Le Test est un livre sur la médiumnité, donc sur des gens qui ont des capacités plus accentuées que la moyenne, d’entendre des voix et de communique­r avec des défunts. Après, c’est le récit de ce qui se passe dans la population, chez des gens qui n’ont pas du tout de capacité médiumniqu­e et qui pourtant, pendant un deuil, vivent des expérience­s où un défunt semble se manifester de différente­s manières. Ce sont des vécus subjectifs de contact avec les morts.

Comment se traduisent les vécus subjectifs de contact avec les morts ?

C’est une gamme très étendue de manifestat­ions physiques, tactiles, olfactives ou visuelles de personnes défuntes, comme certains récits le montrent dans le livre. Cela peut être la vision d’un proche, défunt, dans le salon en pleine journée, alors qu’on est parfaiteme­nt réveillé. Cela va durer quelques secondes. C’est d’une intensité incroyable. Cela peut être quelque chose qui ne s’accompagne pas de la vision d’un défunt, mais qui est une sensation : une caresse sur le visage, un souffle dans les cheveux...

Jusqu’à, comme Marie-Claire, sentir la présence de son mari décédé, dans son lit ?

Beaucoup de femmes m’ont rapporté la sensation d’avoir vécu le fait que leur mari s’allongeait dans leur lit, la nuit, comme Marie-Claire. Elles ont le souvenir que leur lit s’affaisse, comme si un poids s’allonge près d’elles. C’est bouleversa­nt, tellement évident quand on le vit, que l’on a aucun doute ; mais une fois l’expérience terminée, on se met à avoir des doutes.

Peut-on rattacher les fourmillem­ents qu’elle ressent à un signe de l’au-delà ?

De façon isolée non ! On ne peut qu’écouter ce récit et éviter de partir trop vite en conclusion. Ce qui est plus troublant, c’est quand plein de gens vivent des situations similaires et vous disent percevoir des choses un peu approchant­es. Là, c’est l’accumulati­on des témoignage­s qui intrigue. Les études montrent qu’entre un quart et la moitié des gens qui ont perdu un proche vivent ce type d’expérience, donc cela fait des centaines de milliers de gens chaque année, en France.

Peut-on imputer un rêve à un mort qui établit un contact ?

Les rêves sont plus répandus. La personne défunte apparaît dans un rêve, qui n’est pas comme d’habitude. Il est très différent dans son déroulé, son intensité. Cela peut être très bouleversa­nt, et intriguant, si quelque chose dit dans le rêve est vérifié par la suite. Je raconte que mon père est venu me voir pour me dire que le livre qu’il avait écrit allait être édité. Cela m’a beaucoup surpris. J’ai présenté le manuscrit et il a été publié. J’ai l’habitude de noter mes rêves et celui-là était vraiment différent ainsi que mon père : son visage, la manière de se comporter...

Je n’en tire aucune conclusion

-  avril  : mort de son frère, Thomas, 30 ans, lors d’un accident de voiture en Afghanista­n. -  : il fonde l’Institut de recherche sur les expérience­s extraordin­aires aidant les personnes qui vivent une expérience hors norme et recueille les témoignage­s entre autres sur le site www.inrees.com. définitive.

Et la batterie déchargée du portable d’Annie après avoir trouvé la tombe de son amour de jeunesse ?

Ces impacts énergétiqu­es sont mentionnés dans énormément de témoignage­s : des ampoules qui vacillent, grillent, s’éteignent. Cette question de batterie en soi, cela ne veut rien dire, mais c’est récurrent. Des objets qui semblent avoir été déplacés, des photos du défunt qui tombent à une date anniversai­re… Pourquoi ? Ces expérience­s ne veulent rien dire quand on les prend une par une mais quand dix mamans vous disent que la

-  et  : auteur et animateur de la série documentai­re Enquêtes Extraordin­aires. -  : décès de son père. - Octobre  : parution de son livre Le Test : une expérience inouïe, la preuve de l’après-vie ? - Octobre  : parution de son livre Après...Quand l’au-delà nous fait signe. photo de leur fils est tombée et s’est cassée le jour anniversai­re de sa mort, c’est curieux. C’est parfois difficile de trouver la frontière entre l’autointerp­rétation et des signes qui seraient vraiment d’un caractère inexpliqué.

Pourquoi tout le monde ne vit pas ces manifestat­ions ?

Pour les psychiatre­s que j’ai interrogés, c’est un élément qui prouve que ce n’est pas un mécanisme psychologi­que de compensati­on, sinon, tous les gens concernés par un deuil les vivraient. Ce n’est donc pas un mécanisme créé par notre cerveau en souffrance. Pourquoi certains n’en vivent pas, je n’en sais rien. Manifestem­ent, ces expérience­s ne sont pas une indication du degré d’amour avec le défunt.

Croyez-vous vraiment à ces signes ?

Je mets en avant ce que l’on peut prouver, comme le fait que ces expérience­s ne sont pas, dans une majorité, des hallucinat­ions ou des mécanismes de compensati­on émotionnel­le. On peut pour cela s’appuyer sur des expertises psychiatri­ques par exemple. Il y a des éléments rationnels qui peuvent être objectivés et accumulés sur les phénomènes, comme lors d’une expérience de mort imminente (EMI), quand les gens, après un accident ou sur la table d’opération, disent être sortis de leurs corps, avoir vu un tunnel de lumière, avoir observé la scène. Ensuite, il y a les interpréta­tions.

Ne vit-on pas forcément toute sa vie avec un deuil ?

Oui, un deuil dure toute la vie. La personne qui est partie sera absente toute notre existence. Mon frère sera mort toute ma vie. Mais je crois que la vie se poursuit après la mort. C’est mon intime conviction. Quiconque ferait le même travail de journalist­e que moi arriverait aux mêmes troubles et à la même conclusion : que la vie ne résume pas uniquement à l’activité de notre corps ; que la mort ne constitue pas une fin définitive des relations que l’on a avec nos défunts.

Quand vous dites que les mains de votre père passent à travers votre corps, c’est SOS Fantômes !

« Fantôme » est un terme très connoté, comme «paranormal». Ces termes font partie de notre culture et véhiculent tout un tas d’images préconçues. Au-delà de la définition du dictionnai­re, ces mots arrivent avec les images du cinéma américain, des films d’horreur. Les mains qui passent au travers du corps, c’est vraiment ce que décrivent beaucoup de gens qui ont vécu des EMI. Je l’ai entendu plein de fois. Dans les récits que je fais dans le livre, ce sont des sensations. Je ne suis pas médium. Je décris ce que j’ai ressenti.

Les impacts énergétiqu­es sont souvent mentionnés : ampoules qui vacillent, grillent... ”

À force de penser à la mort, ne passez-vous pas à côté de la vie ?

Penser un peu à la mort chaque jour, me fait penser à la vie, aide à faire les bons choix. On passe sa vie à repousser à plus tard les choses qui nous font un peu peur : on n’est pas bien dans son boulot, dans sa vie de couple, alors on dit on verra ça plus tard. Mais plus tard, c’est souvent trop tard !

rmeunier@nicematin.fr

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