Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des meubles rarissimes d’Eileen Gray aux enchères

Trois pièces exceptionn­elles de la designer et architecte irlandaise, créatrice de la célèbre villa E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin, sont mises en vente en novembre à Paris

- PAR LAURENCE GUIDICELLI

C ’est un véritable événement qu’attendent avec impatience les collection­neurs et amateurs de design. Le 27 novembre, lors de sa vente Art Déco, Artcurial propose 3 pièces exceptionn­elles signées par Eileen Grey. A la fois, décoratric­e, architecte, créatrice de mobilier, l’artiste irlandaise figure parmi les designers majeurs du XXe siècle, et ses oeuvres, célébrées dans le monde entier, sont particuliè­rement rares sur le marché de l’art. La vacation présente ainsi un lampadaire cubiste de 1925, estimé entre 300 000 et 400 000 euros, une console en laque, réalisée vers 1918 - 1920 et qui pourrait s’envoler à 1,2 millions d’euros. Seule une variante de ce modèle est connue. Elle se trouvait dans l’appartemen­t d’Yves Saint Laurent à Paris. L’un de ses iconiques fauteuils Bibendum, enfin, est également mis en vente pour un prix évalué entre 500 000 et 600 000 euros. Véritable légende du design, l’assise et ses confortabl­es boudins semi-circulaire­s sont un clin d’oeil au personnage de Michelin. Le modèle, conçu en 1929, a appartenu à Jeanne Tachard, fondatrice de la maison de couture Suzanne Talbot à Paris. Un autre rare exemplaire du Bibendum trône actuelleme­nt dans le salon de la villa E-1027, le chef-d’oeuvre architectu­ral d’Eileen Gray bâti face à la mer à Roquebrune­Cap-Martin. Particuliè­rement attachée à la Côte d’Azur, la créatrice irlandaise a en effet réalisé, entre 1926 et 1929, cette demeure aux lignes épurées, aujourd’hui connue dans le monde entier et classée monument historique. Elle a fait construire aussi une autre demeure au début des années 30 sur les hauteurs de Menton : la villa Tempe a Païa, longtemps son refuge.

Records d’enchères

42 ans après la mort d’Eileen Gray, ses meubles s’arrachent aux enchères. En 2011, chez Christie’s Paris, un fauteuil Bibendum a été adjugé à 590 000 euros, tandis qu’un paravent de briques s’est envolé à 1,150 millions d’euros. Son record inégalé a toutefois été atteint avec son « Fauteuil aux dragons », cédé à un acheteur français en février 2009 pour la somme faramineus­e de 21,9 millions d’euros, lors de la vente aux enchères de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé à Paris. Les 3 pièces présentées par Artcurial sont bien connues des collection­neurs car elles ont été présentées au Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition dédiée à Eileen Gray en 2013. Ces oeuvres muséales font par ailleurs déjà l’objet d’une nouvelle demande de prêt pour une exposition monographi­que prévue à New York en 2020. Aux côtés des meubles d’Eileen Gray, d’autres pièces rarissimes figurent au catalogue de la vacation. Parmi elles : une exceptionn­elle table basse « aux hiboux et grenouille­s » en bronze de Diego Giacometti, estimée entre 200 000 et 300 000 euros. On trouve également un buste en bronze réalisé par René Lalique représenta­nt Sarah Bernhardt. La pièce, très probableme­nt unique, a été offerte à la célèbre comédienne à l’occasion de ses 30 ans de carrière au théâtre de la Renaissanc­e en 1896. Estimée entre 50 000 et 60 000 euros, cette sculpture faisait partie de la vente de la succession de Sarah Bernhardt en 1923. Elle n’était pas réapparue sur le marché depuis lors.

 ??  ?? Eileen Gray (-) - Console en laque, vers - - Estimation :    -    €.
Eileen Gray (-) - Console en laque, vers - - Estimation :    -    €.
 ??  ?? Eileen Gray (-) - Fauteuil Bibendum,  - Estimation :   -   €.
Eileen Gray (-) - Fauteuil Bibendum,  - Estimation :   -   €.

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