Du côté des pompiers...
La destruction des nids par les sapeurs-pompiers ne va pas de soi et dépend de la situation : « Depuis que la réglementation sur l’utilisation des insecticides a évolué, en , des formations complémentaires nous ont été imposées », explique le lieutenant-colonel Christophe Pasquini, responsable des opérations dans le département. « En ce qui nous concerne, nous avons décidé de laisser tomber les interventions sur les hyménoptères pour nous concentrer sur nos propres missions afin de laisser faire les professionnels. Néanmoins, nous intervenons toujours en cas d’urgence ». Par exemple si un nid est découvert près d’une habitation un dimanche et qu’aucun service de désinsectisation n’est disponible... Quand ont se balade au milieu des ruches de Jacques Amaretti, le bourdonnement continu des hyménoptères est bien présent. Mais on est très rapidement empreint d’un doute : ces abeilles sont décidément de bien grande taille. Puis, la stupéfaction, toujours empreinte d’une certaine incrédulité, survient : ce ne sont quand même pas des frelons que l’on voit voler par dizaines tout autour de nous ? Eh bien si. « Il est vrai que j’ai parfois l’impression d’élever des frelons et non des abeilles », confirme cet apiculteur maximois, qui ne parvient pas à cacher le profond désarroi que lui inspire l’inspection de ses “troupes”.
% de perte depuis l’arrivée du frelon asiatique Dans son petit cheptel, le frelon a fait son nid il y a de ça trois à quatre ans. Mais Jacques se refuse aujourd’hui à compter les ruches qui lui restent. Dans cette propriété en zone urbaine, où le premier champ se trouve à plus d’un kilomètre, ce ne sont pas les pesticides qui causent l’effondrement de ses colonies. Mais le résultat est tout aussi catastrophique Quand je vois ça, je ne vous cache pas que je n’ai plus envie de venir dans mes
J’ai parfois l’impression d’élever des frelons et non des abeilles »
ruches... »
Massacre à la raquette Armé d’une simple raquette de badminton, Jacques se lance à la poursuite des frelons qui grouillent tout autour. Le cadre de son outil, souillé des restes des innombrables insectes qu’il a déjà massacrés en dit long sur les matches quotidiens qui se jouent ici : « Je vais être prêt pour les JO à ce rythme », Mais à l’intérieur, je récupérais une poignée ou deux de frelons. C’est bien insuffisant au regard du nombre qu’ils sont dans un essaim. Sans parler du fait qu’acheter de la viande fraîche tous les deux jours pour les attirer, ce n’est pas viable. Finalement, mieux vaux jouer de la raquette... »
Demande d’aides de l’État Membre du Groupement de défense sanitaire apicole (GDSA), Jacques a également reçu des pièges de la part de ce syndicat d’apiculteurs. Mais, là encore, les résultats sont négligeables. « Une année, j’ai reçu deux petits pièges. Puis, l’année d’après, un seul, bien que plus gros... C’est ridicule, là encore, je tue plus de frelons en une journée avec ma raquette qu’avec ce genre de pièges. Plus récemment, j’ai même testé de mettre du fipronil directement sur des frelons que j’avais assommés pour qu’ils contaminent leur nid. Imaginez. J’en suis arrivé à utiliser des produits qui mettent en danger mes abeilles. De toute façon, ça n’a pas marché. Soit les frelons s’échappent avant que je ne puisse leur en mettre parce qu’ils sont trop vigoureux. Soit ils sont trop atteints pour rentrer jusqu’au nid. » Alors, quand on lui parle du plan de la Communauté de communes pour sauver l’apiculture du Golfe, Jacques n’est pas des plus enjoué : « Je ne doute pas de la sincérité des élus. Je doute que quoi que ce soit puisse venir à bout des frelons. Ce que je regrette, c’est que l’État, seul à disposer de moyens suffisants, n’a rien fait. Si les éleveurs de brebis avaient chacun dix loups devant leur étable, ça ne passerait pas aussi facilement... »
Si les éleveurs avaient chacun dix loups devant leur étable, ça ne passerait pas »