CARNET DE BORD – « Étape : nuit d’ivresse »
de cette manière d’un lacet à l’autre, conduit par un pilote amateur dans la spéciale la plus connue au monde, mieux vaut avoir le coeur bien accroché. L’estomac au bord des lèvres, Virginie est crispée mais assure.
La cata dans les lacets
Ultime étape de ce troisième eRallye Monte-Carlo, la ZR (zone de régularité) entre Lantosque et Sospel est interminable. Si la pluie s’est un peu calmée depuis notre départ de Monaco à h, la visibilité est nulle. Épatante pendant tout le rallye, nerveuse, fiable et scotchée à la route, notre Renault Zoé n’éclaire rien. Dans la nuit du haut pays, ses phares ne permettent absolument pas de distinguer le tracé de la route. Dans les épingles, c’est le trou noir. Dans les lacets, la “cata”. À chaque freinage appuyé, les murs qui inquiètent Virginie se rapprochent dangereusement. Sur la chaussée détrempée, il faut en permanence déjouer les pièges. Les flaques, les ornières, les feuilles et les pierres (voire les rochers) qui jonchent le bitume en cette soirée de déluge. Ma hantise, outre la sortie de route ou le gros câlin à un muret, : heurter un caillou et crever un pneu, ce qui vient d’arriver à l’équipage d’une Tesla. D’autant que je ne suis pas totalement persuadé d’avoir une roue de secours…
Dieux du volant
Même à moins de km/h de moyenne, disputer une telle spéciale de nuit est une épreuve. Imaginer que les pilotes de WRC montent et descendent le Turini à , km/h, si ce n’est plus, dépasse l’entendement. Ces gens-là sont des dieux du volant. De notre côté, même si nous avons beaucoup appris depuis le départ de Nevers mercredi, nous ne sommes pas devenus en quatre jours des dieux du chrono. Nos moyennes sont restées désespérément médiocres. Nos approximations et nos erreurs d’orientation dans deux zones de régularité nous ont coûté cher et notre classement au terme de l’épreuve (e sur classés et participants) ne nous destine pas franchement à une glorieuse carrière dans le championnat du monde de la spécialité. Nous garderons, outre la plaque de rallye qui témoigne de notre épopée épique, des souvenirs intenses et des images inoubliables. Et nous resterons impressionnés par le niveau d’exigence d’un rallye organisé par des femmes et des hommes, bénévoles ou non, incroyablement professionnels, disponibles et humains. Mention particulière pour notre Zoé électrique numéro qui ne nous a pas lâchés et que nous avons ramené à Automobile club sans une égratignure. Une vraie sportive qui s’ignore. Comme nous.