Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ex-expert des télécoms, il met le cap sur les vignobles L’essor

Après le Domaine de Cantarelle en centre Var, Pascal Debon, 71 ans, a racheté Le Mas des Borrels à La Londe-les-Maures pour son groupe Cap Wine Internatio­nal, ambitieux et en plein essor

- AMBRE MINGAZ amingaz@varmatin.com

Pascal Debon est un véritable homme d’affaire et tout ce qu’il touche se transforme en or. Le Domaine de Cantarelle à Brue-Auriac, racheté par sa société Cap Wine Internatio­nal il y a un an, et le Mas des Borrels à La Londe-les-Maures cette année sont entre de bonnes mains. Pascal Debon a travaillé pendant trente ans dans les télécoms, Alcatel et Nortel devenu Matra. « J’ai vécu la fabuleuse aventure du sansfil », raconte-t-il. Président de l’une de ces entités, il a connu l’essor exponentie­l de ce secteur : « 200 millions d’euros de chiffre d’affaires montés à 6 milliards. On a lancé des réseaux sans fil aux États-Unis, en Chine, partout dans le monde. Tout le monde voulait s’équiper de la technologi­e GSM et on partait de rien. Ça a été une aventure extraordin­aire. »

« Qualité extrême et innovation »

En 2005, âgé de 60 ans, Pascal Debon décide de raccrocher mais avec toujours l’envie d’entreprend­re. « Mais les conseils d’administra­tion, ce n’est pas mon truc. J’aime les gens, la nature et le vin. » Son premier investisse­ment est « typiquemen­t émotionnel », il décide de réaliser son rêve et achète deux domaines dans la vallée du Douro, au Portugal, où les vignobles sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. L’histoire aurait pu alors s’arrêter là mais l’investisse­ur adore aussi le Sauvignon. En 2010, il achète donc en Gascogne le Domaine de L’Herré (130 hectares), devenu le troisième domaine viticole en Côtes de Gascogne. « En 2015, notre vin a remporté la médaille d’or au Concours mondial du Sauvignon devant 29 pays, indiquet-il fièrement. Aujourd’hui, en 2018, nous avons produit 2,5 millions de bouteilles. » Son objectif : tirer la qualité vers le haut à des prix raisonnabl­es face à des concurrent­s « qui visent plutôt une agressivit­é sur les prix au détriment de la qualité ». Et pour cela, Pascal Debon investit notamment dans des pressoirs à azote nouvelle génération. « Dans les télécoms, il y a deux notions : la qualité extrême et l’innovation. Il ne faut jamais faire de compromis sur la qualité, c’est l’objectif numéro un. Et bien j’ai voulu appliquer ce modèle au vin. Il y a énormément à faire dans un métier ancestral qui reste très traditionn­el, avec des méthodes de gestion et de management qui, d’une manière générale, ont peu évolué, il faut donc l’amener à la modernité pour l’enrichir. » Du coup : « J’ai fait la même chose en Provence», confie-t-il. «À BrueAuriac, j’ai investi plus d’1,5 millions d’euros pour transforme­r l’outil industriel, le pressoir à azote. On a refait tout le froid, le chai, la chaîne d’embouteill­age, les bureaux. On a mis les moyens pour faire des vins de qualité, distribués en France, à l’internatio­nal et dans la grande distributi­on. » Bardées de médailles d’or et d’argent, les prochaines cuvées s’annoncent déjà prometteus­es. Et à La Londe-les-Maures, Le Mas des Borrels, racheté à la famille Garnier en février dernier, connaîtra aussi des investisse­ments conséquent­s (1,5 million d’euros pour la constructi­on du chaî dont les travaux débuteront en janvier 2019). Avec, chaque fois, cette volonté : « Le zéro impact. J’y tiens beaucoup, insiste Pascal Debon. On travaille sur la Haute Valeur Environnem­entale. En Gascogne, la société a investi 300 000 euros dans une station d’épuration pour traiter les eaux. Ça représente un coût mais qui doit être intégré pour avoir un respect de nos produits et de nos sols car je pense que c’est primordial d’être en tête de la course dans ce domaine-là. » Objectif de Cap Wine Internatio­nal : décrocher en 2019 l’HVE pour ses domaines de Provence et assurer au consommate­ur du « bio contrôle». « C’est la protection de la

vigne par des organismes naturels. Pour l’instant, la moitié de L’Herré est passée au bio contrôle mais on va généralise­r le traitement de la production, pour passer à cent pour cent d’engrais organiques et ça passera aussi par l’acquisitio­n de pieds de cépages sélectionn­és pour leur résistance. » Une stratégie vertueuse selon Pascal Debon. « Il n’y a pas de débat sur la qualité et le zéro impact. On fera tout ça par de l’innovation et l’engagement des équipes, le fameux leadership. » Et si Cap Wine Internatio­nal est déjà à la tête d’une cinquantai­ne de salariés et d’environ 400 hectares, l’entreprise compte doubler sa taille d’ici trois à cinq ans, « en Provence sûrement pour partie et peut-être plus au Nord ».

« Le zéro impact, j’y tiens beaucoup. »

 ?? (DR) ?? L’objectif de Pascal Debon et de sa société Cap Wine Internatio­nal est de saisir les opportunit­és de domaines viticoles à fort potentiel pour doubler dans les trois ans le parc actuel de  hectares et produire sans impacter l’environnem­ent en innovant.  
(DR) L’objectif de Pascal Debon et de sa société Cap Wine Internatio­nal est de saisir les opportunit­és de domaines viticoles à fort potentiel pour doubler dans les trois ans le parc actuel de  hectares et produire sans impacter l’environnem­ent en innovant.  

Newspapers in French

Newspapers from France