Le Var n’échappe pas à la pénurie
L’indisponibilité des médicaments et vaccins est un phénomène de plus en plus préoccupant : plus de 500 médicaments essentiels sont en tension ou rupture d’approvisionnement
Le phénomène est de plus en plus préoccupant : en 2017, plus de 500 médicaments essentiels ont été signalés en tension ou rupture d’approvisionnement, soit 30 % de plus qu’en 2016. Sont concernés des médicaments dont l’usage et l’intérêt thérapeutique sont bien établis, notamment des anticancéreux, des vaccins et des antibiotiques (lire par ailleurs). Ces ruptures conduisent à des pertes de chance inacceptables pour les patients. Illustration avec le Dr Caroline Giordana, neurologue au CHU de Nice qui évoque la situation à laquelle sont aujourd’hui confrontés les malades de Parkinson. « Un médicament indispensable pour eux, le Sinemet, ainsi que son générique sont en rupture de stock. En panique, les patients font le tour des officines, et réalisent des stocks, contribuant par là même à accroître le phénomène de pénurie. » Elle comprend pour autant leur comportement. « Il est extrêmement dangereux d’arrêter son traitement.» Contrairement à ce qui se produit habituellement – « souvent, ce sont les patients eux-mêmes qui nous informent d’une rupture de stock » - regrette ainsi la spécialiste, cette fois, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a pris les devants et informé début septembre les professionnels de santé, de la prochaine rupture du Sinemet et de la possibilité de substitution par un autre médicament. Mais, « pour le Sinemet, il n’y a pas d’équivalence parfaite », reconnaît la spécialiste.
Des patients se rendent en Italie
Et c’est malheureusement le cas pour d’autres produits dans d’autres spécialités. Avec des conséquences parfois très graves. « Il y a deux ans, nous avons vécu une situation dramatique, qui n’avait pas pu être anticipée. Un médicament contre la dyskinésie (effet secondaire du traitement antiparkinson) s’est retrouvé en rupture de stock, sans équivalent sur le marché français. Les patients qui n’étaient plus traités ont subi une aggravation importante de leur maladie. » Si dans notre région, nous sommes plutôt mieux armés qu’ailleurs pour pallier ces pénuries, grâce à la proximité de l’Italie, pays où nombre de patients se rendent désormais, munis d’une ordonnance française, pour se procurer un médicament manquant, les professionnels à l’unisson appellent les autorités à prendre des mesures d’urgence pour atténuer immédiatement le phénomène de rupture, et des mesures à plus long terme pour les prévenir.