Quand les cercles avaient pignon sur rue
Hauts lieux d’échanges et de débats, mais aussi de respect et de tolérance, les cercles, aussi appelés clubs ou chambrées, pullulaient jadis dans le Var. Leur existence était ancrée au plus profond de l’âme populaire. Propices aux joutes verbales, ces entités villageoises traduisaient bien l’esprit frondeur du Varois. Si certaines affichaient leur apolitisme, la plupart étaient d’authentiques foyers d’agitation. En ce temps où la TV et le Web n’avaient pas encore défait le lien social, on s’y regroupait par affinités. Eu égard à son passé agité, Le Beausset en abritait un nombre record. Ainsi trouvait-on le Cercle Démocratique, le Cercle de l’Union, le Cercle de l’Avenir, ceux de la Concorde, de Saint-Pierre, de Saint-Hubert, de la Renaissance, d’Apollon, des Vieux soldats, de Saint-Napoléon, de la Paix, des Indépendants, de l’Amitié, de la Gaieté, de Saint-Joseph, de Mars, des Réjouis…
Un seul survivant
Actuellement, au Beausset La devanture du cercle, il y a quelques années, avant que le rez-de-chaussée ne devienne le café Jaurès.
ne subsiste que le Cercle du 24 février 1848 (ex-Cercle Démocratique). Ultime survivance d’un passé révolu, cette structure foncièrement républicaine, présidée par Fabien Baudino, se situe au n° 42 de la rue Portalis (au-dessus du café Jaurès). Elle fut fondée en 1893 pour honorer ceux qui, en 1848, après trois jours de sanglantes émeutes, avaient renversé LouisPhilippe et sa Monarchie de juillet. Temple laïque de l’humanisme et de l’universalité, le Cercle trouve son fondement dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789. Repris par tous les Etats démocratiques de la planète, ce texte donne à la France cette souveraineté morale que nul ne lui conteste. En plus de 125 ans d’existence, combien de citoyens ont-ils fréquenté le Cercle ? Combien d’échanges homériques s’y sont déroulés ? Par atavisme, la plupart des sociétaires actuels ont succédé à leurs pères, grands pères et arrière-grandspères. Savez-vous qu’en 1914, quelques semaines avant son assassinat à Paris, l’illustre Jaurès y a fait étape ? Son portrait, dédicacé de sa main, figure toujours en place d’honneur dans les murs de l’établissement, non loin d’une Marianne polychrome au torse avantageux.