QUELLE PLACE POUR NOS MORTS ?
Malgré la difficulté d’agrandir ou de créer de nouveaux cimetières, les communes doivent gérer leurs emplacements funéraires. Dans la Métropole, les communes n’enterrent pas la problématique
De Toulon à La Seyne en passant par La Valette, tour d’horizon des cimetières confrontés à une gestion de l’espace en milieu urbain. Travaux, reprise de concessions, entretien : le point dans la métropole à l’occasion de la Toussaint.
« Nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer », chantait le poète Georges Moustaki. Mais le repos éternel auquel chacun a droit n’est pas toujours… de tout repos. Dans la Métropole, comme partout en France, les cimetières gagnent rarement en superficie ou en nombre. Pourtant, chaque commune parvient à inhumer ses administrés. La réorganisation de divers carrés, la reprise de tombeaux échus ou non renouvelés par les familles, les attributions de concessions suite à une procédure de reprise et la crémation, permettent de gérer au mieux les emplacements funéraires. Des communes anticipent le besoin des familles en prévoyant des réserves foncières, comme à La Crau ou à Six-Fours. D’autres ont des cimetières fantômes qui, peut-être un jour, seront ouverts à la population.
Toulon n’échappe pas à la problématique de place, à laquelle sont confrontées toutes les communes en France, grandes ou petites. Et ce, malgré la hausse du nombre de décès comme c’est le cas à Toulon : 3 320 en 2017 contre 2 599 décès en 2016. Pour permettre à chaque habitant toulonnais de reposer sur sa terre natale ou dans sa ville d’adoption, deux grandes nécropoles : l’une de près de 11 hectares à l’ouest, plus précisément à Lagoubran ; l’autre, plus centrale sur cinq hectares, entre les quartiers des Lices et La Loubière. Si pour l’heure, l’agrandissement du cimetière ouest est toujours dans les cartons et tout « aussi complexe », selon Hélène Audibert, adjointe au maire en charge de la délégation des cimetières, la Ville privilégie des procédures réglementaires en prenant toujours en compte l’humain.
La reprise de concession
« Pour satisfaire la demande, le maire Hubert Falco, dès son premier mandat, nous a demandé de travailler sur les procédures de reprise de concessions funéraires échues en état d’abandon ou non renouvelées pour réattribuer des concessions », éclaire l’élue. Au cimetière central, les attributions de concessions font suite à une procédure de reprise de concessions en état d’abandon, et ce quelle que soit leur durée (perpétuelle ou centenaire). « Nous sommes très souples », assure Hélène Audibert. Le service municipal se dit « toujours à l’écoute des familles » dans le cadre de ces « procédures très encadrées ». La Ville, attentive à la mise en sécurité des sites, regarde aussi d’un oeil vigilant l’état des tombeaux. Le service des cimetières repère les tombeaux perpétuels ou centenaires, dégradés ou en état d’abandon. « S’ils présentent un danger (dalle cassée, ou en état d’abandon…), nous déclenchons la procédure avec toujours ce souci de rechercher les descendants. Si les personnes acceptent de restaurer, nous arrêtons la procédure », explique Hélène Audibert. Il est pris soin en premier lieu d’apposer un petit panneau sur le caveau informant la famille ou les descendants du défunt de se présenter au service administratif des cimetières. « Cette longue procédure d’environ quatre ans permet de satisfaire les citoyens toulonnais en attente depuis de nombreuses années », précise Hélène Audibert. Les ventes de concessions funéraires sont possibles chaque année grâce aussi « à une réorganisation de divers carrés au cimetière ouest, et des reprises de tombeaux échus ou non renouvelés par les familles ».
Ceux qui ne disposent pas de concession funéraire
Et qu’en est-il pour les personnes décédées à Toulon quel que soit leur domicile, ou pour celles décédées sur une autre commune, mais domiciliées à Toulon qui ne disposent pas de concession funéraire ? La réglementation funéraire prévoit que la commune doit mettre à disposition, et ce à titre gratuit pour une durée de cinq ans, des terrains communs. « Cela laisse un délai aux familles qui vont s’inscrire sur la liste d’attribution des demandes de concession », explique Hélène Audibert. Contrairement à d’autres communes qui vendent les concessions au moment du décès, la Ville permet d’anticiper l’acquisition. Au terme des cinq ans, elle peut reprendre les emplacements de terrains communs qui permettent, ainsi, d’inhumer d’autres personnes. Pour que chacun puisse espérer le repos éternel… même si l’emplacement ne l’est pas toujours.