À La Seyne, un projet longtemps enterré
Ajoutez un peu de marbre, quelques chrysanthèmes, deux ou trois épitaphes bien senties, et vous obtenez l’endroit idéal pour composer un poème au clair de lune. Sauf qu’actuellement, le mal nommé cimetière de Camp-Laurent n’est qu’un alignement de 300 caveaux funéraires vides, sans pierre tombale, et qu’en fait de fleurs, ce sont les herbes folles qui décorent ici la colline de la Petite Garenne. Pour le charme gothique, on repassera. Près de trente ans, pourtant, que cet endroit à l’atmosphère forcément étrange et à la vue imprenable sur la ville aurait dû servir à compenser la « crise du logement » qui sévit au cimetière central. Tour à tour, les maires Charles Scaglia, Maurice Paul, Arthur Paecht et Marc Vuillemot ont annoncé une ouverture prochaine ; certains une date d’inauguration.
« Camp-Laurent, c’est pour »
Et puis, non. Personne n’est arrivé à inhumer quiconque.
Depuis les premiers aménagements réalisés en 1992, les problèmes économiques de la commune ont succédé aux entreprises défaillantes et autres marchés infructueux. Et rien n’a jamais
vu le jour. Ah si : un crématorium en contrebas. Depuis son ouverture en 2014, l’installation marche du feu de Dieu et aurait, de fait, contribué à faire redescendre le dossier
du cimetière d’un cran dans la pile des priorités. Pourtant, la logique veut que la deuxième ville du Var au nombre d’habitants le soit aussi au nombre de défunts : entre 550 et 700 par an. Et l’attente des familles pour se procurer un caveau se mesure toujours en années… autant dire une éternité. « Camp-Laurent, c’est pour 2019 », assure-t-on toutefois désormais en mairie. La municipalité actuelle n’est pas la première à le clamer mais elle n’est pas loin d’être la première à faire. Faire quoi ? Remettre en état les accès à ce terrain de 7 hectares, déjà. Mais aussi construire un jardin du souvenir, un columbarium et retaper une centaine de caveaux, ceux situés les plus au sud, le tout pour un coût avoisinant les 670 000 euros. Le chantier vient de commencer, et Martine Ambart, l’élue en charge du dossier, nous a récemment assuré que les premiers locataires pourraient arriver courant de l’année prochaine. Mieux : qu’il ne s’agirait que d’un début avant une seconde phase qui, pour un total de 3,7 millions d’euros, permettrait aussi de créer un carré des anges, des carrés musulmans et israélites, des bâtiments techniques et administratifs, des places de parking et l’aménagement des voies intérieures. Lesquelles, pour l’instant, restent impénétrables.