« Une victoire construite »
Héros du récent Rallye de Catalogne au côté de l’ami Loeb, Daniel Elena raconte ce fabuleux retour gagnant. Le copilote monégasque évoque aussi leur nouveau challenge au Dakar 2019
Avec eux, notre dictionnaire des superlatifs est déjà épuisé depuis belle lurette. Alors, il faut inventer des mots. Ou les booster. Leur retour gagnant sur la planète WRC, dimanche dernier en Catalogne ? Un exploit juste « énoooooooooooorme » ! Non, Sébastien Loeb ( ans) et Daniel Elena ( ans) ne sont pas cuits. La voie de garage attendra. Demandez aux Ogier, Neuville, Tänak, Latvala et compagnie... Tous giflés par les increvables pigistes de Citroën, ils n’ont pu que s’incliner au bout des trois étapes et dixsept épreuves spéciales sur terre et goudron - tantôt humide, tantôt sec - de la manche espagnole. On a donc vite succombé à la tentation de passer un coup de fil au copilote monégasque. Avec sa délicieuse faconde de bon vivant, le voilà qui nous raconte cette superbe histoire, mais aussi l’inscription surprise au prochain Dakar (- janvier ) à bord d’une Peugeot DKR privée version concrétisée cette semaine.
Daniel, si ce triomphe en WRC n’a pas participé à la conquête d’un titre mondial comme la plupart des précédents, vous le situez quand même très haut sur votre échelle de valeurs, non?
e Forcément ! D’abord parce qu’il s’agit d’une victoire construite du début à la fin. Après le couac de l’ES (moteur calé dans une épingle, à ’’, ndlr), nous avons donné le maximum pour rattraper le temps perdu. Hormis le demi-tête à queue dans le rond-point de l’ES , tout s’est déroulé parfaitement ensuite. Le pari osé de chausser des gommes dures le dimanche matin fait la différence. Voilà six ans que nous n’avions pas gagné. Revenir au sommet comme ça, au plus fort de la bagarre pour le titre opposant trois équipages qui ont le cul dans la caisse tout le temps, c’est géant, émotionnellement parlant.
En début de saison, perso, pensiez-vous être en mesure de jouer la gagne sur chacune des trois manches programmées ?
Oui, franchement. En WTCC (voitures de tourisme) puis en WRX (rallycross), Seb’ a gardé le rythme. Sur les circuits, il s’est même bonifié. Et puis le duo LoebElena restait dans le coup, on le savait. Regardez les chronos réussis l’an dernier au Rallye du Var avec la Maxi... Coup de volant et complicité intacts, alors sur le papier, sûr que nous avions le potentiel requis. Après, des petits détails nous ont empêchés de concrétiser plus tôt. Au Mexique, on a compris qu’il ne fallait plus changer une roue en spéciale. En Corse, qu’il fallait se calmer sur la charcuterie... (Rires)
Pour la prise de notes, en reco, vous êtes reparti sur une feuille blanche ?
Pas du tout. Par exemple, là, en Catalogne, j’ai ressorti les cahiers des éditions et . L’an dernier, Daniel Elena : « Revenir au sommet comme ça, au plus fort de la bagarre pour le titre WRC, c’est géant, émotionnellement parlant. »
lors de la mise en route des WRC actuelles beaucoup plus performantes, certains ont changé leur système de notes. Nous, non. J’ai juste modifié quelques angles et les vitesses de passage. On s’est adapté, quoi !
Le jeudi soir, après la spéciale d’ouverture, vous estimez que vos chances de victoire se sont envolées d’entrée ?
Nous étions à Barcelone, donc on pouvait réussir une ‘‘remontada’’... (Il se marre encore) Sans blague, le lendemain, sur la terre,
nous partions derrière les gros bras du championnat, en position favorable. Pour moi, le podium demeurait à notre portée. En finissant e, vous savez, nous aurions été tout aussi
heureux. Le but, en fait, c’était de ne pas reproduire les conneries du Mexique et de la Corse. Surtout ne pas passer à nouveau pour deux blaireaux !
Vous connaissez Seb’ par coeur. Malgré tout, vous a-t-il étonné en Espagne ?
(Il réfléchit trois secondes) Ouais, j’ai découvert qu’il ne sait pas faire les ‘‘donuts’’ avec la C WRC ! Mais en même temps, on a démontré que cette auto décriée par
s’il pleut. Bon, je pense que l’on sera vite fixé car ils vont démarrer à toc, et l’un des deux n’ira pas au bout. Quant à Tänak, dommage qu’il soit un peu trop distancé. A mes yeux, c’est lui qui mérite le plus le titre. Ses trois victoires enchaînées cet été sur terre roulante (Finlande), goudron (Allemagne) et terre cassante (Turquie) ont marqué les esprits. Rassurez-nous : dimanche soir, ce n’était qu’un au revoir ? On vous reverra en WRC l’an prochain? Je ne sais pas. Quand Seb’ m’a annoncé son plan pour le Dakar, je lui ai parlé du Monte-Carlo. Sa réponse fut aussi courte que directe : ‘‘Non, ce sera le Dakar.’’ Apparemment, en ce moment, il cherche une solution pour continuer en rallycross malgré l’arrêt de Peugeot Sport. C’est sa priorité parce qu’il aime cette discipline. Mais peutêtre aura-t-il envie de faire à nouveau quelques piges en WRC. Où ? Quand ? Comment ? Aucune idée. Textes : Gil LÉON Photos : Jo LILLINI, Aurélien VIALATTE et AFP
comprends. Seb’, c’est un compétiteur. Ce challenge, il veut le réussir. Il ne faut pas oublier qu’on passe à côté de cette p ..... de victoire pour minutes en . Sans notre souci moteur, c’était dans la poche. Et si nous l’avions gagné il y a deux ans, je pense que l’on ne remettrait pas les pieds au Pérou cet hiver.
Cette cuvette de sable péruvien dans laquelle vos chances de victoire se sont envolées en janvier dernier, vous ne l’avez pas digérée ?
Le Pérou a un goût d’inachevé ”
On était dans le match, e du classement provisoire. Vous savez, rester planté là, abandonner à cause de mon problème physique (coccyx fracturé), ce fut encore plus frustrant pour moi. Je ne pouvais plus m’asseoir. Donc je garde aussi un goût d’inachevé.
Vous aurez le temps d’accomplir une séance d’essais avant l’embarquement de la , fin novembre ?
C’est le gros point d’interrogation actuel. Il faudrait tout de même arriver à programmer deux jours de roulage dans le sable, n’importe où. On n’a pas de certitude pour le moment. En revanche, notre campingcar attend déjà que je le garnisse en nourriture et boissons. Bonne nouvelle !