Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Maternité de Gassin: «Rien n’est joué» dit l’ARS

L’Agence Régionale de Santé sort de son silence pour réfuter les accusation­s d’absence de dialogue avec les élus du Golfe. Elle explique agir en toute transparen­ce et précise la mission des experts

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CAÏETTI

Le coup de colère du président de la Communauté de communes, Vincent Morisse, poussé dans nos colonnes le 1er novembre concernant l’avenir de la maternité de Gassin n’a pas tardé à porter ses fruits. Ses méthodes mises en cause, l’Agence Régionale de Santé (ARS) est sortie du bois pour s’exprimer par la voix de son délégué départemen­tal, Sébastien Debeaumont, et asséner ses vérités à quelques semaines du verdict qui décidera de la survie ou non de la maternité du Pôle de santé. Interview.

Le président de la Comcom a qualifié de désinvolte l’attitude de l’ARS sur le dossier de la maternité de Gassin, ça vous a fait bondir ?

Bondir non. C’est plus un étonnement. M. Morisse a effectivem­ent manifesté son inquiétude à travers plusieurs courriers et c’est pourquoi j’ai pris l’initiative de le contacter en septembre pour me présenter et discuter avec lui pour notamment repréciser le cadre de cette mission et lui réaffirmer que rien n’était décidé d’avance pour l’avenir de la maternité de Gassin. C’est bien pour cela que l’on fait appel à une expertise, pour y voir clair. Dans ce contexte là je lui proposais d’être auditionné par nos deux experts. Nous avons échangé nos téléphones et nos mails et nous étions convenus de nous rappeler si besoin. C’est pour cela que nous avons été très étonnés de découvrir son agacement dans la presse, sans nous en avoir informés, alors que le contact avait bel et bien été établi.

Sa colère est un peu légitime quand même puisqu’il n’a toujours pas été auditionné...

La mission des experts n’est pas terminée. Elle se poursuit. Ils doivent revenir dans le courant du mois. Ils sont complèteme­nt indépendan­ts dans la gestion de leur mission mais effectivem­ent nous leur avons fourni une liste des personnes incontourn­ables à contacter, dont fait partie le président de la Comcom. Monsieur Morisse sera bien auditionné pendant la mission des experts, comme les acteurs de la santé le sont, mais lui au titre des personnali­tés qualifiées, comme sera entendue madame Mauborgne la députée.

Il peut donc espérer, au nom des douze maires du Golfe, peser sur les conclusion­s du rapport ?

Tout à fait. Je le redis : rien n’est arrêté aujourd’hui concernant le futur de la maternité du Golfe de Saint-Tropez.

Ça fait plusieurs années que les rumeurs de fermeture se succèdent. Quelle est la véritable finalité de l’étude qui vient d’être lancée ?

L’objectif est de voir quel est le fonctionne­ment aujourd’hui de la maternité, quel est le degré de sécurité de prise en charge des parturient­es et de leurs enfants et, si les conditions de sécurité ne sont pas réunies, déterminer celles qui sont à pointer du doigt et quelles sont les marges d’améliorati­on. Et tirer le signal si maintenant ou à l’avenir les prises en charge ne sont pas effectuées en sécurité optimale. On est vraiment dans une démarche transparen­te, la lettre de mission est très claire : c’est l’angle de la sécurité de la prise en charge qui compte. C’est la seule préoccupat­ion qui nous anime.

On peut dire que l’avenir de la maternité repose sur les épaules de ces seuls deux experts ?

Non. Leur rapport va éclairer l’ARS mais la décision c’est l’ARS seule qui la prendra.

Comment ces deux experts ont-ils été choisis ?

C’est l’ARS qui les a sollicités parce qu’ils sont reconnus en France pour avoir déjà mené des expertises de ce type. Ce sont deux pointures en la matière (NDLR : lire en encadré cidessous). Ils ont commencé leur mission le  septembre et les acteurs qu’ils ont déjà rencontrés, notamment les cabinets médicaux ont exprimé leur satisfacti­on par rapport à la qualité justement de ces deux personnali­tés.

A l’origine pourquoi ce rapport a-t-il été commandé ?

Parce que dans le cadre de la préparatio­n du Plan Régional de Santé, une réflexion a été menée pendant un an et demi. Plus de  acteurs ont été auditionné­s et dans les groupes thématique­s on nous a signalé la problémati­que de la sécurité de la prise en charge des parturient­es et de leurs enfants sur Gassin par rapport à la spécificit­é du territoire et au nombre d’accoucheme­nts. C’est de là qu’est partie la nécessité d’éclairer la situation.

Avec  naissances en  la maternité de Gassin est largement audessus du seuil des , non?

Au-delà d’un seuil atteint il faut pouvoir être certains que les conditions de sécurité sont assurées. Quand vous avez un faible nombre de naissances, les pratiques ne sont pas régulières dans les prises en charge, il peut y avoir des problèmes aussi de turnover de praticiens, de gyneco-obstétrici­ens, c’est tout ça qu’il faut regarder pour être sûrs que les conditions de sécurité sont réunies. Si elles le sont il n’y a pas de souci.

Les experts sont-ils venus à la maternité ?

Oui bien sûr ils ont déjà passé deux journées sur place.

Quand rendront-ils leur rapport ?

On l’attend pour la fin de l’année, mais je veux rester prudent sur les dates. Ce sont des gens qui sont en activité, l’agenda peut donc être amené à bouger, c’est pour ça que l’on dit plutôt fin d’année. C’est une fourchette suffisamme­nt large pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

Le rapport sera donc remis à l’ARS, mais sera-t-il aussi rendu public ?

Oui, peut-être à travers une réunion, ce sont les deux experts qui le présentero­nt.

Au final, quand sera-t-on fixé sur l’avenir de la maternité de Gassin ?

On va voir. On n’a aucune vision et idée aujourd’hui de l’orientatio­n que va prendre ce rapport. Il faut être bien clair là-dessus. Ensuite, il faut savoir que dans tous les cas, l’orientatio­n qui sera donnée par l’ARS dans le Plan Régional de Santé est valable  ans pour sa mise en oeuvre.

La tendance aujourd’ hui en France penche vers le regroupeme­nt de maternités ?

Oui. Complèteme­nt. Aujourd’hui la France a du retard dans la restructur­ation et l’organisati­on de son système de santé, sanitaire notamment. Aujourd’hui la volonté est effectivem­ent d’avoir une offre graduée vers la proximité mais surtout d’encourager l’apparition de plateaux techniques.

Un plateau technique c’est plutôt à l’échelle départemen­tale ?

Départemen­tale ou infra départemen­tale mais au niveau d’un plateau qualitatif qui offre toutes les technicité­s et les services possibles.

L’émoi dans la population du Golfe, la peur de perdre la maternité, vous le mesurez ?

C’est comme pour tout service public. Chaque fois que la question d’une réorganisa­tion potentiell­e se pose il y a de la réaction, ce qui est tout à fait légitime puisqu’on est sur un service public. Ensuite, ce qu’il faut vraiment peser dans ce cas précis, c’est la question de la sécurité. Estce qu’aujourd’hui et à l’avenir sur cinq ans, toutes les conditions de sécurité sont bien réunies ?

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(Photo Var-matin) Sébastien Debeaumont, délégué départemen­tal de l’Agence Régionale de Santé : « La seule préoccupat­ion qui nous anime c’est la sécurité ».

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