Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des remblais donnés pour du débroussai­llement

Un propriétai­re de La Crau a tenté de justifier des remblais, minimes selon lui, réalisés en zone naturelle. Ce premier volet d’un plus vaste dossier s’est soldé par une amende de 20000 €

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

J «’ai profité des travaux pour faire amener quelques camions de terre. » Et encore : « Je dois faire le débroussai­llement de cette zone ! Mon fléau, quand je passe le broyeur, ce sont les pierres. » Beaucoup de choses ont été dites ce mardi matin en audience correction­nelle à Toulon, pour justifier des exhausseme­nts considérés litigieux sur la commune de La Crau. Terre et pierres en tas, dont on a du mal à comprendre l’origine, versées en lisière de forêt. Le propriétai­re du terrain explique avoir simplement « égalisé des roches qui affleuraie­nt ».« Sur trois mètres de hauteur ? », tique le ministère public. «C’est un terrain en pente.» Glissante. Le tribunal n’a pas été convaincu et a condamné le prévenu de 66 ans : 20 000 euros d’amende, avec ordre de remettre le site en état dans un délai de huit mois, puis sous astreinte de 100 euros par jour de retard.

« Pas amianté »

Ce dossier est le premier volet d’une affaire plus vaste qui concerne la possible présence d’amiante en contrebas, sur un terrain promis à un lotissemen­t. Les onze parcelles à lotir sont actuelleme­nt gelées. D’amiante, il n’y a point à l’audience du jour. Enfin, presque. « Ce n’était pas amianté, affirme le prévenu, car ça [la terre] venait de Solliès. La partie où cela aurait pu être amianté, c’est la partie basse. En haut, il n’y a rien ». Le propriétai­re est catégoriqu­e, lui qui déclare avoir jadis prêté le bas du terrain, «à la mairie et au canal de Provence pour y entreposer des déchets du BTP et de l’amiante ». Mais « tout a été enlevé » depuis. L’audience du jour se concentre sur un terrain en zone naturelle et en partie espace boisé classé. Les exhausseme­nts couvrent 680 m², sur une hauteur de 35 cm à 3 m. « On a des déchets du BTP, de la taule, des détritus, énumère le président du tribunal, ce n’est pas lié à des opérations de débroussai­llage ». Selon la DDTM, « aucune autorisati­on ne peut être accordée» pour ces travaux.

Fléau des décharges

La mairie de La Crau évoque « la gravité d’un dossier », replacé dans le contexte « du fléau que subissent les communes varoises que sont les décharges sauvages ». Deux riverains insistent par la voix de leur avocat sur leur inquiétude légitime, en matière « de pollution et de ruissellem­ent des eaux ». L’associatio­n de défense de l’environnem­ent UDVN83 fait son estimation : « Ce dépôt avoisine les 480 tonnes ». Le parquet déplore « une action en toute impunité» et les tentatives de « minimiser les faits ».« On se réfugie derrière la notion de débroussai­llement et on dit ne pas vouloir abîmer ses outils ! », s’agace la procureure. Venu sans avocat, le propriétai­re s’est retrouvé esseulé pour se défendre. Il devra verser un euro aux parties civiles et payer des frais de justice. Un appel semble possible. Deux dossiers ont été consacrés à ce sujet dans nos colonnes, le 20 octobre 2016 et le 25 mai 2018.

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(Photo DR) Le  septembre , sur le terrain de La Crau. Cinq jours plus tard, un premier PV était dressé.

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