Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un Trump peut en cacher un autre

- DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

A la tête d’une Amérique qu’il replie sur elle-même, Trump cultive l’image d’un président tournant le dos au monde

Deux jours après les célébratio­ns réussies du centième anniversai­re de l’Armistice, Emmanuel Macron, érigé ce week-end en premier défenseur de la paix, a été la cible hier des violents tweets-mitraillet­te dont Donald Trump a le secret. Dimanche, le président américain se félicitait pourtant de ces « deux jours merveilleu­x en France » aux côtés de son « trèsbonami » Emmanuel. Mais un Trump peut en cacher un autre et l’ami français a été rhabillé pour l’hiver en trois clics, à coups de messages rageurs de  signes. Le locataire de la Maison Blanche, qui trouvait vendredi « insultant » dans un de ses gazouillis l’idée d’armée européenne évoquée par le Président français, choisit donc de répondre dans son registre favori. Un prêté pour un rendu, c’est celui qui dit qui est, tu vas voir ta gueule à la récré : depuis l’élection de Trump, le Bureau ovale s’est mis en mode cour de récré. L’Elysée, qui a encaissé la salve de tweets sans broncher, s’efforce de relativise­r, soulignant que le lien demeure entre les deux présidents. Un lien de plus en plus ténu. Comme il le fait avec d’autres pays et d’autres chefs d’Etats, Trump souffle en permanence le chaud et le froid. Volontaire­ment insaisissa­ble, sciemment incontrôla­ble, Trump, marginal revendiqué, reste en dehors des clous. Ce week-end à Paris, il s’est attaché à ne rien faire comme les autres. Arrivé seul en voiture à l’Arc-de-Triomphe dimanche,

il a snobé le sommet de la paix et annulé sa visite au cimetière du Bois-Belleau, dans l’Aisne, la veille. L’hommage aux soldats morts sous les balles et les éclats d’obus n’a pas fait le poids face au crachin picard, au grand dam des vétérans américains qui ne sont pas près de lui pardonner cette désertion. À la tête d’une Amérique qu’il replie sur ellemême, Donald Trump cultive

l’image « d’un président tournant le dos au monde », ainsi que l’explique le Washington Post. En estimant dans un de ses messages qu’il « n’y a pas de pays plus nationalis­te que la France, un peuple très fier, et à raison », le président américain a balayé d’un tweet le discours d’Emmanuel Macron qui a fustigé dimanche « le nationalis­me, contraire du patriotism­e ». Entre les deux, Trump a clairement choisi.

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