RUGBY C’est grave docteur ?
Battu sur le fil par l’Afrique du Sud (-), le XV de France accumule les défaites qui nourrissent son manque de confiance : un cercle vicieux qui met en lumière son déficit de préparation mentale avant d’affronter l’Argentine samedi à Lille. « Les joueurs cogitent et sont en difficulté, c’est évident. » Olivier Magne, l’ancien troisième ligne aile d’un temps où la France gagnait, n’est pas le seul à faire le constat. « Il ne faut pas trop cogiter non plus. C’est là aussi où on se perd un peu », a admis hier à Marcoussis l’ailier ou arrière Benjamin Fall. Les Bleus se sont inclinés sur un essai encaissé après la sirène alors qu’ils semblaient avoir le match en main. Quand « il reste trente secondes, c’est fini, je me dis que le match est gagné » ,a concédé le flanker Wenceslas Lauret lundi.
La méthode du hamburger
Déconcentration, manque de lucidité, perte de confiance : la spirale négative s’est de nouveau dessinée, comme trop souvent ces dernières années. Une phrase d’Anthony Belleau est révélatrice : «On va garder nos habitudes, switcher, penser à l’Argentine tout de suite. Mais je l’ai quand même dans un coin de la tête (l’échec de samedi) parce qu’il y a des choses qu’il ne faut pas reproduire. Ce genre de défaites, forcément ça marque. » Comment sortir de cet engrenage ? « On ne peut pas faire table rase, et faire comme si rien ne s’était passé sera encore plus néfaste, estime le préparateur mental Olivier Alluin. Mais il faut garder le positif principalement et ce que l’on devra améliorer, à formuler sous forme d’action à réaliser. » Une méthode dite du ‘‘hamburger’’ répandue dans le management, selon Alluin : « On commence par le positif spécifique (phases de jeu, actions), on inclut les points à améliorer (formulés positivement), on termine par le positif général (attitude, maîtrise, implication) », résume le préparateur mental. « La prépa mentale, peut-être que ce sera au goût du jour dans les jours, les années à venir », dit Benjamin Fall. « La préparation mentale n’est pas non plus une tare », lâche poussivement, de son côté, Maxime Médard, « mais je ne pense pas qu’on ait un problème mental », c’est un sujet « personnel » mais pas collectif.