Var-Matin (La Seyne / Sanary)

VEILLÉE D’ARMES CHEZ LES GILETS JAUNES

Comme à Flassans, les organisate­urs des nombreux rassemblem­ents varois prévus demain continuent à battre le rappel. Rencontre avec ces automobili­stes en colère.

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Apriori, rien ne les prédestina­it à manifester côte à côte ce 17 novembre. Et pourtant, demain matin, gilet jaune fluo sur le dos, ils seront – du moins ils l’espèrent – plus d’une centaine à défiler ensemble sur la DN7, entre le rond-point du Nocturne et celui des Quatre-chemins à Flassans-sur-Issole. « Ona recherché nos points de convergenc­e et mis de côté ce qui pouvait nous diviser», explique Philippe Bonnet, l’un des organisate­urs de la manifestat­ion. Le ras-le-bol de ces habitants de Flassans, Besse, Carnoules, Cabasse, Sainte-Anastasie et bien audelà, tient en trois lignes à peine sur le tract qu’ils ont imprimé à 2000 exemplaire­s : «Dire stop aux hausses des carburants, fioul, gaz et autres, ainsi qu’aux taxes, pour pouvoir continuer à vivre en monde rural ».

« La vie nous est rendue impossible »

La défense d’un mode de vie à la campagne. Il est là le point commun entre Philippe Bonnet, retraité de l’armée, Isabelle Canova, fonctionna­ire, ou encore Estelle Bouvet, femme au foyer. « Notre colère va bien au-delà du prix du carburant. On vit à la campagne et on veut continuer à le faire, mais la vie nous est rendue impossible. Sans voiture, on ne fait rien ici ! », lâche Isabelle. Philippe va un peu plus loin pour expliquer ce qui les pousse à manifester. « Il y a incohérenc­e entre, d’un côté la hausse des taxes, et de l’autre la disparitio­n des services publics en milieu rural. » Peu habitués à protester publiqueme­nt, ces citoyens ont dû apprendre à structurer leur mouvement. «Certains d’entre nous se connaissai­ent, mais c’est grâce au blog de ma mère Monique qu’on a commencé à entrer en contact. En voyant le nombre grandissan­t de mécontents, j’ai décidé de créer le groupe Le Var en colère sur Facebook. Un mois plus tard à peine, plus de 400 personnes l’ont rejoint », raconte Estelle, dans un sourire qui tient plus de la surprise du succès de l’initiative, que de la désinvoltu­re.

Dans le respect de la réglementa­tion

Car en dépit de cette apparente légèreté, la colère est bien présente. « Une colère pacifique», insistent, d’une seule voix, Estelle, Isabelle et Philippe. Alors, dès la première de leurs trois réunions de préparatio­n, le 9 novembre au Bar du Lac, le PMU de Besse-sur-Issole, l’accent a été mis sur la sécurité. Ancien militaire, Philippe Bonnet s’y est collé de bonne grâce. Fort de son expérience – « en 2008, j’avais déjà organisé une manifestat­ion contre un projet de décharge du groupe Suez sur la commune de Flassans », confie-t-il –, il a veillé à ce que tout soit fait dans le respect de la réglementa­tion. « Ce n’est pas parce qu’on est en colère qu’on ne doit pas respecter la loi. Au contraire. Et puis, les gens ont peur de l’anarchie, du chaos. Si on veut les persuader de venir manifester, il faut leur montrer que notre organisati­on est carrée », déclare Philippe Bonnet, avec conviction. Quant à la suite du mouvement, « les Gaulois » de Flassans, comme ils s’amusent à se désigner, n’y ont pas encore pensé. « On verra bien si au niveau national la mobilisati­on fait reculer le gouverneme­nt. Mais au moins on aura essayé », glisse Isabelle, pas peu fière d’avoir franchi le pas.

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 ?? (Photo Frank Muller) ?? La DN à Flassans-sur-Issole, c’est le lieu «stratégiqu­e» choisi par les organisate­urs du groupe «Le Var en colère» pour manifester à pied demain samedi  novembre. Ils donnent rendez-vous à  heures sur le parking des Grands Prés.
(Photo Frank Muller) La DN à Flassans-sur-Issole, c’est le lieu «stratégiqu­e» choisi par les organisate­urs du groupe «Le Var en colère» pour manifester à pied demain samedi  novembre. Ils donnent rendez-vous à  heures sur le parking des Grands Prés.

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