COLÈRE JAUNE SUR LES ROUTES DU VAR
La France des «gilets jaunes» a manifesté hier son mécontentement. Dans le Var, des points de blocage ont perturbé la circulation. Du péage de Bandol à celui du Capitou, à Fréjus – via la métropole toulonnaise, le centre Var, et le Golfe de Saint-Tropez – reportages au coeur d’une journée particulière.
Plus de 280 000 manifestants ont participé en plus de 200 lieux – selon le ministère de l’Intérieur – à la journée nationale de protestation. Seules ombres au tableau : la mort d’une manifestantes, 229 blessés sur les barrages, 117 interpellations suivies de 73 gardes à vue...
Près de 283000 « gilets jaunes » ont protesté, hier, dans toute la France contre la hausse des taxes sur le carburant et surtout la baisse du pouvoir d’achat, au sein de plus de deux mille rassemblements parfois tendus qui ont entraîné des accidents faisant une personne décédée et 229 blessés. Sept personnes sont grièvement blessées, dont un policier et un sapeur-pompier, a annoncé le ministère de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse. En début de soirée, plus de deux cents points de blocages n’avaient pas encore été levés.
Nuit sur les barrages
« Gilets jaunes, colère noire», «Jupiter, redescends sur terre, c’est la misère»: les manifestants, qui arboraient parfois un message sur leurs gilets, bloquaient des autoroutes, des rondspoints, des hypermarchés ou organisaient des opérations de péage gratuit dans l’ensemble du pays. Au total, 282 710 personnes ont participé aux 2 039 manifestations, selon le ministère de l’Intérieur. Les gilets jaunes n’ont pas réussi à bloquer la France, comme ils le voulaient, mais tout le territoire a été touché par leurs actions, ce qui représente un succès certain pour ce mouvement, parti des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques et des syndicats. Des manifestants ont annoncé qu’ils comptaient camper et passer la nuit sur leurs barrages et certains souhaitaient poursuivre le mouvement aujourd’hui. L’accès à certaines autoroutes restait coupé ou difficile en début de soirée. Dans l’Hexagone, il y a eu 117 interpellations, suivies de 73 garde-à-vue, selon le ministère de l’Intérieur. « Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en terme de pouvoir d’achat », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Les autorités s’inquiétaient de la poursuite du mouvement malgré la nuit : «Les manifestations aujourd’hui bon enfant, ce soir se transforment avec l’arrivée de casseurs », a déploré Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) qui précise que des cocktails molotov ont été jetés contre les forces de l’ordre. Et « la nuit, le danger c’est d’être percuté par un véhicule », rappelle-t-il, alors que cinq mille patrouilles resteront mobilisées jusqu’à ce matin. Par ailleurs, une étude publiée, hier, par L’Argus note que les départements où les automobilistes roulent le plus en véhicule diesel sont aussi ceux où résident le plus de ménages non imposés. Le diesel est devenu un « signe extérieur de pauvreté », en déduit la publication spécialisée.
« Signe extérieur de pauvreté »
L’exécutif avait mis en garde contre la récupération politique de ce mouvement de protestation qui se veut apolitique et asyndical. Hier soir, un conseiller de l’exécutif a estimé qu’ «ily a une mobilisation qui est là, il ne faut pas la nier ». Mais « elle n’était pas au niveau attendu. Ce n’est pas le raz-de-marée attendu, malgré un battage médiatique parfois surprenant ». Un avis que ne partage pas le politologue Jean-Marie Pernot, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires). Pour lui, c’est un « succès de participation ». « On va voir ce qu’ils inventent pour poursuivre la pression, [...] ce qu’ils vont choisir pour entretenir la flamme ».