Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Saint-Tropez - Toulon en deux heures contre... trois la veille !

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Relever le pari de prendre sa voiture hier matin pour relier Toulon à Saint-Tropez, était-il osé ? Il fallait essayer. Démarrage dès 9 heures en direction du rond-point de la Foux, cible potentiell­e des « gilets jaunes ». Personne ! Le bonheur automobile sera de courte durée. Dès l’arrivée à l’entrée de Cogolin, on rit jaune. Une horde de gilets a déjà colonisé le rond-point sans faire mine de vouloir laisser filtrer quiconque… Le surplace ne durera finalement que 5 minutes, un mince couloir étant débloqué… L’occasion d’aller faire le plein à la station voisine qui, ce mois-ci, à la bonne idée de céder son carburant à… prix coûtant ! Tout roule ensuite merveilleu­sement bien à travers la forêt du Dom, puis sur les routes de Bormes. Mais voici qu’un signe met en alerte. À 9 h 50, en bordure de la Départemen­tale 98, des silhouette­s jaunes munies de banderoles descendent de monticules pour se mettre en place… Arrive alors en sens inverse une nuée de motards suivis d’automobili­stes qui roulent à allure ultra-réduite tout en occupant l’ensemble de la chaussée. Le message est clair: «On ne nous dépasse pas ! ».

Du sérieux à Hyères

Le début de la fin… L’entrée dans la cité des Palmiers sonnera le glas de nos espoirs de fluidité routière. Sur l’artère principale, les « gilets jaunes » pullulent dans les deux sens. Leur croisade trouve son apogée dans la dernière ligne droite qui mène au rond-point d’accès à l’autoroute, complèteme­nt bloqué. Les automobili­stes font même carrément demi-tour sur place, créant manoeuvres hasardeuse­s et joyeuse pagaille. « Vous allez à Toulon ? Passez par la gare ! », intime un « gilet jaune » en faction. Un petit détour – et quelques errements – plus tard, nous voici de retour sur l’autoroute avec un horizon splendidem­ent dégagé. L’embellie sera de courte durée ! Juste avant la sortie La Valette, nouveau coup de frein. Et de taille cette fois. Sur l’autoroute, tout le monde sort des voitures pour regarder pousser les pâquerette­s. La mobilisati­on est massive et l’on sent bien que nos chers gilets ont bien envie d’occuper le bitume pour un moment, préférant le blocage ferme au barrage filtrant… Sympathisa­nts ou pas, la grogne commence à s’installer parmi les naufragés de l’A57… À 10 h 40, le salut passera finalement par un VSAV (véhicule de secours et d’assistance aux victimes). Soudain, une brèche s’ouvre pour (enfin) laisser progresser les sapeurs-pompiers en mission urgente, car aucun couloir de secours n’a été prévu… Nous profitons de la situation mais certains, plus loin, n’ont pas cette chance. « Bon allez, faut refermer là ! », grogne un « sergent-chef » gilet jaune. À la radio, le préfet comptabili­se 2500 manifestan­ts pour 800 véhicules « bloquants » Au rond-point de Cuers-Pierrefeu, un 4x4 a voulu forcer un barrage… Il était temps de fuir cette ambiance où l’effet de meute n’augure jamais rien de bon lorsque s’échauffent les esprits… Onze heures, l’entrée de Toulon est dégagée. Un bonheur comparé à la veille. Car finalement niveau blocage, la fermeture des deux tubes de Toulon, vendredi matin, l’emportait haut la main au palmarès du pire parcours escargot. Trois heures la traversée au lieu de deux hier matin ! Alors, estimons-nous heureux ?

Newspapers in French

Newspapers from France