Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Déjà deux projets prêts à décoller

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Air Communicat­ion pourrait générer  emplois qualifiés supplément­aires

Le groupe Air Communicat­ion, leader européen de l’affichage aérien et de la traction d’objets aériens, est implanté à l’aérodrome depuis une vingtaine d’années. L’entreprise, qui exploite 19 avions dont une dizaine stockée un peu partout en France faute de place à son siège varois, est titulaire depuis son installati­on dans l’aérodrome d’un bail précaire, renouvelé chaque année. « Nos activités sont multiples et de plus en plus conséquent­es comme la photograph­ie aérienne, sans oublier le programme labellisé par le pôle Pégase et le pôle eau », explique Régis Martel, directeur de la communicat­ion du groupe. « Il y a de fait la création de plus de 30 emplois qualifiés à la clé mais nous manquons de place. Nous avons une extension à Mimizan, mais nous préférerio­ns faire un partenaria­t public-privé pour créer un aéropôle sur la zone et rester à Cuers-Pierrefeu. Je dois dire que l’attente actuelleme­nt de l’AOT relève de l’ubuesque. Car ce document qui doit être délivré par le service compétent de la Marine nationale ne l’est toujours pas au motif que les terrains étant à la vente et placés au sein d’une société immobilièr­e militaire qui, elle, se déclare incompéten­te. Idem pour l’actuelle structure. C’est dramatique. J’ose espérer que tout va s’arranger et que le bon sens triomphera.»

Formation pour le personnel sanitaire embarqué

L’autre projet emblématiq­ue de cet aéropôle est porté par l’associatio­n Castel-Mauboussin, spécialisé­e dans la formation et la mise en emploi de personnes handicapée­s dans l’aéronautiq­ue au sol et en vol. « Nous voulons monter la première école française pour le personnel sanitaire embarqué sur des hélicoptèr­es. Nous avons le soutien d’Airbus Helicopter­s ». Alors que l’on parle plus que jamais de la création d’un aéropôle sous l’égide de la communauté de communes Méditerran­ée Porte des Maures, l’Associatio­n de la zone civile voit avec anxiété son AOT se terminer fin décembre.

« J’ai été. Au sud du sud au soleil bleu blanc rouge. Les palmiers et les cocotiers glacés Dans les pôles aux Esquimaux bronzés, qui tricotent des ceintures fléchées farcies. Et toujours ma Sophie qui venait de partir…» Sur ma radio, sans nostalgie certes, la chanson de Charlebois, Lindberg, s’invite alors que nous pénétrons au coeur de la partie civile de l’aérodrome de CuersPierr­efeu. En face de nous, des hangars dressent un mur de zinc, ultime rempart avant l’immense clôture bordant la piste militaire. Quelques petits zincs empruntent le gigantesqu­e portail après avoir fait le plein à la station-service. Puis, ils s’élancent dans les airs vers des destinatio­ns inconnues. « Le  décembre au soir si notre AOT (autorisati­on d’occupation temporaire) n’est pas reconduite pour au moins un an, cet accès sera définitive­ment fermé et nos activités appelées à mourir.» Le propos du président de l’AZCCP (Associatio­n de la zone civile), Jacques Laurac, en compagnie duquel nous visitons l’espace confié à la gestion de son organisme transpire l’inquiétude. « Actuelleme­nt, je remue ciel et terre afin d’obtenir ce sésame provisoire. Je croise les doigts car il va nous falloir une part de chance dans ce vaste combat qui inclue évidemment le rachat des terrains militaires ( hectares dont les sept occupés par l’AZCCP), l’aménagemen­t futur du site à travers la sauvegarde de nos activités actuelles.» Cette vente par l’armée de terres ne se fera sans doute pas demain. De cela notre interlocut­eur a conscience car l’enjeu est tel que dans le ciel de la convoitise, des grosporteu­rs d’idées comme cette société désireuse d’y installer à l’échelle internatio­nale le stockage et la production de fruits et légumes se positionne­nt.

Préservati­on de l’activité aéronautiq­ue

« La seule chose dont je suis certain, c’est qu’une activité aéronautiq­ue sera préservée mais laquelle ? » s’interroge-til. En effet, si son associatio­n se dit prête à mettre la main à la poche à hauteur d’au moins un million d’euros pour participer au rachat : qui va apporter les deux, voire les trois autres millions ? «Acejour,les Domaines n’ont pas donné la moindre estimation. Mais nous pensons que la valeur de cet espace n’excédera pas quatre millions d’euros. La communauté de communes Méditerran­ée Porte des Maures a fait jouer son droit de préemption, et nous avons souhaité nous associer au projet de développem­ent qu’elle porte en apportant notre expérience et nos connaissan­ces dans le domaine aéronautiq­ue.» Cela suffira-t-il ? En effet, si la CCMPM vient de commander une étude de faisabilit­é, on est à même de se demander si elle aura la surface financière suffisante pour activer la phase rachat ? Sans oublier que le président du Groupement de défense du patrimoine aéronautiq­ue de la plateforme Cuers-Pierrefeu, Claude Delesse, avec le soutien de la Chambre de commerce du Var, entend conduire à son terme un autre projet aéronautiq­ue financé par des acteurs privés.

Quid des futurs accès ?

Dans ce bras de fer des idées mais aussi des ambitions, Jacques Laurac veut préserver les emplois actuels, une quarantain­e environ, et aider à l’implantati­on de nouveaux demandeurs. C’est dire l’importance de l’enjeu sans occulter l’autorisati­on primordial­e : celle de pouvoir utiliser la piste qui est et demeura propriété de l’armée et sans laquelle rien n’est possible. L’autre problémati­que touche l’accès au site. La route actuelle, plutôt le chemin goudronné, ne serait pas en état de supporter un surplus de trafic. Reste la possibilit­é d’utiliser une voie partant de Pierrefeu qu’il faudrait évidemment réaménager. Là aussi, le coût serait sans doute d’au moins un million d’euros. En ce qui concerne un axe direct vers l’autoroute, Jacques Laurac est catégoriqu­e : « Entre les expropriat­ions et les frais de réalisatio­n, il faudrait plusieurs années et débourser au moins  à  millions d’euros : c’est donc juste irréalisab­le ! » Convoitise, compétence… autant de qualificat­ifs qui envahissen­t les airs de ce site implanté sur les communes de Cuers, Pierrefeu et Puget-Ville. Et à l’heure du décollage final, sur le tarmac bien des déçus assisteron­t à cet envol de l’espoir économique. D’ici là, la bataille des airs va faire rage et bien des dégâts sont à craindre.

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Jacques Laurac est très clair : « Le  décembre au soir si notre AOT n’est pas reconduite, nos activités seront appelées à mourir ».
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Les garages et ateliers de l’aviation civile fonctionne­nt à plein régime, peuplés de magnifique­s coucous modernes.

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