Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une aventure de 18 jours !

Le skipper sanaryen de Ciela Village a terminé 5e de la Route du Rhum en Multi50, à l’issue d’une aventure de dix-huit jours au cours de laquelle les avaries se sont enchaînées

- Retrouvez l’arrivée de Thierry Bouchard sur Youtube ou sur le serveur de la course : http://routedurhu­mdestinati­onguadelou­pe.seaevents.tv/

Dix-huit jours, six heures et six minutes de mer. Parti le 4 novembre de Saint-Malo, le skipper sanaryen Thierry Bouchard est arrivé à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, jeudi soir. Avec Ciela Village, il se classe à la 5e place de la Route du Rhum en Multi50. Il a parcouru 5 493 milles à 12,54 noeuds, alors que la route directe était de 3 500 milles, soit 2 000 milles de plus, pour fuir les coups de vents, faire escale, partir loin en quête de l’alizé. Pour sa première transat en solitaire en multicoque, Thierry Bouchard a vécu une aventure qu’il n’était pas vraiment venu chercher... Mais à son arrivée, s’il a décrit ses galères, il a aussi exprimé son bonheur de l’avoir fait. Une telle Route du Rhum en Multi50, ce n’est pas anodin. Un départ canon, en tête pendant 48 heures, Thierry promet de faire le dos rond en attendant la grosse dépression attendue. Puis les avaries s’enchaînent, contraigna­nt le skipper de Ciela Village à faire escale à Lisbonne, au Portugal. Il prend un nouveau départ, mais le tapis roulant des alizés s’est échappé avec ses concurrent­s. De nouveaux soucis n’auront pas raison de la déterminat­ion de Thierry Bouchard, qui s’était promis d’arriver au bout. Nous avons reçu de ses nouvelles hier.

C’était une transat très dure et la première pour toi en multicoque. L’avaistu imaginée comme cela ?

Si c’était à refaire, je n’y retournera­i pas. C’était de loin la plus difficile de mes transats. Je me suis fait très mal. Les avaries se sont enchaînées, sans répit. Dès que je parvenais à résoudre un souci, un autre arrivait derrière. J’ai bossé tout le temps,  heures sur . Bien sûr je me suis fait plaisir à certains moments, pendant deux jours, en glissant vers la Guadeloupe, sous un ciel bleu avec un vent assez stable. Et là, c’est vraiment chouette. Il faut se souvenir de ces moments-là.

As-tu des regrets ?

Aucun. C’est peut-être la première fois que je navigue en marin : d’habitude, j’aime bien attaquer. Là, j’avais les deux pieds sur le frein en permanence. Je suis fier d’être arrivé au bout. J’ai réussi à réparer toutes mes avaries, jusqu’au bout, sauf le chariot de grand-voile qui m’a coûté une escale à Lisbonne, mais il me fallait une pièce de rechange et mon équipe technique est venue la remplacer. Il fallait que je finisse cette course. J’étais parti sur une régate, j’ai vécu une aventure de dix-huit jours !

Au début de la première semaine, as-tu choisi réellement de faire de l’ouest ou as-tu loupé le train pour le sud ?

Pour nous, mon routeur et moi, ça ne passait pas vraiment au sud. Il y avait deux modèles météo qui se contredisa­ient. Armel (Tripon, le vainqueur en Multi , Ndlr) a vu quelque chose que les autres n’ont pas vu. Il n’a pas eu la même Route du Rhum que nous.

As-tu hésité à repartir de Lisbonne ?

Quand je suis arrivé à Lisbonne, j’étais fracassé. D’une part j’avais vraiment souffert, dans mon corps et dans mon esprit ; d’autre part je ne pouvais pas faire escale à Vigo, qui m’aurait moins détourné de ma route, car la météo ne me le permettait pas. Je devais descendre au plus vite pour éviter de me faire coincer par un coup de vent violent au nord de l’Espagne. Mais s’éloigner de la route, ce n’est pas facile. Je savais que les autres allaient partir devant. J’ai une équipe incroyable. Ils ne m’ont jamais poussé à repartir, mais ils m’ont vraiment encouragé et surtout je savais que, quoi qu’il m’arrive, je pouvais compter sur eux.

Content d’arriver en Guadeloupe en Multi ?

Je suis vraiment heureux de l’avoir fait. Mais le tour de Guadeloupe, c’est la dernière punition ! Que c’est long ! Comme si jusqu’au bout, il fallait en baver. Je n’avais plus rien à manger depuis deux jours. Juste une ratatouill­e à  calories hier ! Mais ce tipunch, ça fait du bien !

C’était de loin la plus difficile de mes transats. J’ai bossé tout le temps,  h sur ”

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(Photo Alexis Courcoux, RDR) Avec une escale forcée au Portugal, qui l’a éloigné de la route, Thierry Bouchard a parcouru   milles à , noeuds, alors que la route directe était de   milles...

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