Contre les armes et contre le silence, ils marcheront
Une marche blanche et solidaire est organisée ce matin depuis le quartier Sainte-Musse frappé par une fusillade sanglante il y a deux jours. Familles et habitants main dans la main
Hier après-midi, les petites affiches ont été scotchées dans la cité. Un appel à la mobilisation après la fusillade sanglante de mercredi soir à Toulon qui a laissé plus qu’un mort et quatre blessés sur le pavé. Les balles ont laissé une fracture au coeur du quartier (notre édition d’hier). Ce matin, « une marche blanche et solidaire » partira en cortège de la cité des OEillets, direction le Pontde-Suve. La mobilisation des riverains se résume en ces quelques mots énoncés comme un mantra : « Une marche contre la violence et contre les armes», mais aussi « contre le silence », explique une habitante.
Ceux « qui savent »
Dans une cité où l’omerta l’emporte souvent, la parole pourrait-elle se libérer ? « Il y a des gens qui savent. Il faudrait qu’ils se réveillent et qu’ils parlent», ajoute cette femme qui a grandi ici. Elle reconnaît qu’il est « légitime d’avoir peur », mais estime qu’il faut « arrêter l’engrenage ». Détail éloquent, un policier coutumier de ces dossiers criminels reprend presque les mêmes mots. Il précise que «les gens ne sont pas très coopératifs pendant les enquêtes de voisinage. On ne trouve aucun témoin .»La donne pourrait-elle changer ? « Il commence à y avoir tellement de morts que certains prennent conscience de la gravité de ce qu’il se passe .» Les habitants se sont organisés en vue de la marche de ce matin. Seuls à l’initiative. Un mouvement à 100 % venu du terrain. Dans une grande défiance vis-à-vis des institutions, observe un acteur associatif local. Le départ se fera à 11 h, depuis l’immeuble Les Cyprès, où vit la mère d’Ali Jebali, victime de la fusillade. « Elle y tient à cette marche, c’est sa volonté », confie une proche.